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Madenim, de l’upcycling et des capsules de pièces uniques

Madenim Marque éthique

Notre discussion avec Gaëtan Petrieux, fondateur de Madenim :

Peux-tu nous dire qui tu es, et nous raconter ton parcours ?

Je m’appelle Gaëtan Petrieux, j’ai 24 ans. Je suis originaire d’Amiens et cela fait maintenant un peu plus de 3 ans que j’habite à Lille. J’ai fait des études dans les domaines du marketing et du commerce en alternance jusqu’à l’obtention de mon master. Ensuite j’ai travaillé dans le monde de la finance en tant que conseiller commercial et à côté de cela, j’avais mes hobbies : le sport, la mode, ainsi que la création. Pendant le premier confinement, pour passer le temps, je me suis acheté une machine à coudre afin de customiser mes propres vêtements. J’ai vu que ca marchait bien, et j’ai eu envie de produire des pièces, pas forcément pour moi, faire des shootings et lancer une page instagram puis voir si j’arrivais à vendre des pièces que j’avais customisé. Et cela a super bien fonctionné. J’ai vendu 6 pièces la première soirée. Je me suis donc dit que j’avais quelque chose à faire là dedans. C’est ainsi que je me suis déclaré auto-entrepreneur, et puis j’ai quitté mon poste pour me lancer pleinement là-dedans.

Avais-tu cette idée de création de marque de vêtement en tête depuis longtemps ou le confinement a vraiment été l’élément déclencheur ?

Pour la petite histoire, j’ai eu une idée de concept store début 2020. Mais avant de pouvoir réaliser pleinement ce projet, j’ai besoin de mieux connaître le domaine, le monde de la mode. J’ai donc décidé de rentrer sur le marché en faisant de l’upcycling. Et ce lancement de ma propre marque de vêtements recyclés est la première étape d’un projet plus large.

J’ai vu que tu trouvais tes tissus sur Vinted ou dans des friperies. Comment les choisis-tu ? Comment choisis-tu les vêtements sur lesquels tu veux travailler ?

En effet, les friperies, les ressourceries, Vinted ou alors les dons de vêtements autour de moi sont mes principales sources d’approvisionnement. Je procède de différentes manières pour choisir mes pièces.
Soit j’ai une demande précise. Prenons un exemple. Si quelqu’un me ramène une veste et veut une veste Michael Jordan, je vais donc trouver un maillot de Michael Jordan abîmé puis je vais le découper. Je vais donc chercher des maillots qui ne sont plus portables parce qu’ils sont trop petits, ou délavés pour leur donner une seconde vie. Dans ce cas là, je vais plutôt me tourner vers Vinted. Sinon, je travaille en fonction de ma matière première, les vestes en jean. Je vais faire un choix en fonction de la veste en elle-même. Quand l’aspect général de la veste m’inspire, c’est-à-dire s’il y a déjà un peu un effet abîmé, ou si il y a déjà quelque chose de cool dessus, je prends. Et bien sûr, je prends en compte le prix de vente de la veste en question pour pouvoir proposer une veste upcyclée à un prix raisonnable. Des fois, je peux conserver quelques mois une pièce avant de la travailler mais c’est vraiment au feeling et à l’inspiration.

« …ce lancement de ma propre marque de vêtements recyclés est la première étape d’un projet plus large. »

Gaëtan Pétrieux

J’ai vu quelques-unes de tes créations : une veste Tupac, une veste Tortue Géniale de DBZ ; tu as aussi travaillé avec des bandanas… Comment trouves tu tes inspirations ?

Alors j’ai commencé à travailler avec des bandanas pour mes premières pièces ; c’était le tissu le plus facile à trouver parce qu’on m’avait donné un gros sac rempli de bandanas, donc j’ai commencé là dessus. L’inspiration du bandana vient de la Nike Dunk Travis Scott sur lequel nous retrouvons le bandana avec le motif Paisley. J’ai donc superposé des bouts de bandanas sur des vestes et j’ai trouvé cela grave cool. J’ai commencé avec ça, et aujourd’hui on me demande encore beaucoup de pièces avec du bandana. Sinon mes autres inspirations dépendent de ce que je trouve. Par exemple, on m’a donné un lot de vêtements et j’y ai trouvé le t-shirt Tortue Géniale et le logo était vraiment très cool et il y avait quelque chose à faire avec. Je m’adapte aux pièces que j’ai à disposition et bien sûr toujours en fonction de mon inspiration.

Tu travailles beaucoup sur des vestes en denim. Est ce que cet esprit workwear fait partie de tes inspirations, de ce que tu aimes travailler ?

Bien sûr. Le jean est d’une part une matière qui est simple à récupérer. On en trouve facilement dans les friperies ou dans les dons de vêtements. De plus, c’est une matière sur laquelle on peut faire beaucoup de choses. Par exemple lui donner un effet abîmé en mode workwear ; on peut faire toutes sortes de couture dessus, de la peinture, du délavement… C’est pour cela que c’est la matière que je préfère travailler.

Comment as tu appris la couture ? As-tu appris à coudre tout seul ?

J’ai pris un cours de couture sur Lille dans un atelier qui s’appelle Mon Bar à Couture. Cela fonctionne comme une salle de sport, sous la forme d’un abonnement. Et quand on s’y rend, il y a une couturière professionnelle avec des machines à coudre et qui explique comment se servir de la machine, et il est même possible d’aller plus loin avec des cours de patronage. J’ai pris 3 heures de cours et après elle m’a conseillé sur l’achat de ma machine et après à force de travailler, maintenant je sais à peu près tout faire au niveau de la technique sur la machine.

Alors, parmi toutes tes créations, as-tu une pièce favorite ?

Oui, la veste Kobe Bryant. Elle a bien marché, je l’ai juste publié sur Tik Tok, et même si on me l’a beaucoup demandé, je ne l’ai pas encore mise en vente. J’avais récupéré un maillot Kobe Bryant, et j’ai fait un effet déchiré sur l’inscription Lakers devant avec derrière le numéro et le nom du joueur. Et elle a bien buzzé sur Tik Tok et sur les réels. Et pour le moment, je la garde au cas où, en vue d’une exposition dans un magasin de basket à Lille.

Concernant ton processus créatif, travailles-tu sur plusieurs articles en même temps ou tu fais une création à la fois ?

J’avance sur plusieurs pièces en même temps. Pour Noël j’ai beaucoup de commandes. Donc actuellement je travaille sur ces demandes car cela prend plus de temps, et il faut la validation du client et aussi faire la livraison avant Noël. Mais sinon, je fonctionne sous forme de capsule. C’est-à-dire que je vais faire une capsule uniquement autour du bandana où je vais produire entre sept et dix pièces par exemple, faire un shooting et les lancer sur les réseaux sociaux. Et je passe à une autre capsule…

Pour ta dernière capsule, les mangas étaient à l’honneur.

C’est vrai. J’avais déjà fait trois pièces. Deux d’entre elles étaient parmi les six premières vestes que j’avais lancées au début. J’avais une pièce One Piece, et une pièce Dragon Ball. Et ce sont ces deux-là qui ont eu le plus de succès. Donc j’ai ensuite proposé deux nouveaux articles. L’une d’entre elle s’est vendue directement et l’autre est encore en vente. Il s’agit là d’une capsule de transition. Je kiffe les manga, donc c’est un plaisir pour moi de faire ces pièces là. Et dès que j’ai une pièce manga qui est prête, je la mets sur le site.

Était-il important pour toi de développer ta marque autour de la notion de développement durable et de faire de l’upcycling ?

En réalité j’ai commencé à faire mes créations sans vraiment savoir ce qu’était l’upcycling. En toute logique, je me suis dit que je n’allais pas acheter du neuf puisqu’on trouvait énormément de choses sur vinted et en friperie. J’ai donc commencé ainsi et je me suis rapproché des personnes qui travaillaient dans la slow fashion, la mode circulaire, et l’upcycling et je me suis retrouvé dans ces domaines-là. C’est pour cela que je veux acheter 0 matériau neuf, de privilégier la seconde main car cela apporte beaucoup plus de sens.

J’ai vu que tu récoltes des habits via des associations, tu as aussi des dons. Mais aussi, tu redonnes à des associations, des vêtements que tu n’utilises pas. Du coup est-ce que c’est important pour toi de développer cette dimension sociale ?

Oui, en effet. Quand j’ai lancé mon projet, j’ai dit que je récupérais les vêtements. Les gens m’ont donc envoyé des messages, avec des articles qu’ils voulaient donner ou en me demandant ce dont j’avais besoin. J’ai donc proposé de récupérer tout ce que les personnes ne voulaient pas garder et qu’elles voulaient donner afin de faire le tri. Je regarde donc ce que je peux récupérer, et ce qui va m’être utile pour mon travail. Je refais le tri sur ce qui reste utilisable ou non, puis en fonction de ce qui reste, je donne à des associations, à des friperies, à Emmaüs…

Pour trouver tes créations, on te retrouve sur ton site internet, Facebook, Instagram et TikTok, c’est bien ça ?

J’ai essayé TikTok, ça a bien fonctionné mais cela demande énormément de temps. Donc je ne suis pas encore très présent dessus. Mais sinon, je suis principalement sur Instagram, et Facebook pour les événements. Et bien évidemment sur le site internet pour pouvoir acheter des pièces.

Tu avais installé un corner au Grand Playground de Lille. Cela te tenait-il à cœur de promouvoir ton travail dans un lieu comme celui-là, présenter et expliquer ton travail aux personnes ?

En fait, je me suis lancé officiellement depuis peu, en septembre. Et juste après, on m’a proposé un événement, donc je n’ai pas eu énormément de temps pour me préparer mais j’avais quelques pièces de côté. C’était la première fois que je me confrontais au marché. J’ai donc pu expliquer mon concept et j’ai rencontré plusieurs personnes et agrandi mon réseau à cet event. Après on m’a proposé plein d’événements avec des associations, des ressourceries, des regroupements de friperies. Malheureusement, tout a été annulé avec le Covid. C’est important pour moi de faire des événements physiques parce que cela me permet d’avoir un réel retour sur ce que les clients aiment, sur ce que les clients regardent et surtout cela me permet d’expliquer mon projet et mes convictions.

Quelle suite pour Madenim ? Y a t-il une capsule en approche ?

J’ai fait quelques pièces autour de Nike avec des pièces vintage Nike sur lesquelles j’ai découpé le logo, découpé les pulls… Pour le moment ces pièces ne sont pas encore en vente même si elles sont très demandées. Je vais donc sortir très prochainement une capsule dédiée à Nike, Jordan, Adidas. La sortie de cette capsule autour du streetwear est donc mon objectif à court terme. Et à long terme, j’aimerais me développer dans l’entrepreneuriat social en faisant un partenariat avec une maison de réinsertion des personnes handicapées pour pouvoir leur permettre de produire des pièces d’upcycling.

Dans ce domaine de l’upcycling, il y a beaucoup de créatifs qui ont souvent des styles propres. As-tu déjà envisagé de collaborer avec d’autres marques ou artistes ?

Ce serait vraiment un plaisir de pouvoir faire une collaboration. Actuellement je suis dans la phase de lancement et je commence à être connu dans le secteur de l’upcycling à Lille, avec tous les événements mais pas encore sur le marché global, le marché français. Je veux faire mes preuves et construire ma propre identité visuelle, monter en puissance au niveau de la qualité de mes créations avant de faire des partenariats ou des concepts stores. Pourquoi pas un partenariat avec un artiste qui ferait une peinture textile derrière une veste ?


Merci à Gaëtan, fondateur de Madenim, de nous avoir accordé cet interview. Rendez-vous sur leur site internet pour vous munir de pièces uniques ou demander ce que vous voulez !

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