Découvrez Zeta, la marque de baskets responsables fabriquées à partir de raisins, de maïs et même de café ! Laure Babin, fondatrice de la marque, revient sur les débuts de la marque, ses motivations et les prochains défis qui attendent l’équipe Zeta. Bonne lecture !
L’interview de Laure Babin, créatrice de Zeta
Bonjour Laure, tu es donc la fondatrice de Zeta mais avant de nous parler davantage de ta marque, j’aimerais revenir sur ton parcours et voir ensemble comment tu en es venu à créer ce projet.
Bien sûr ! J’ai commencé par des études dans le commerce : tout d’abord par un BTS puis j’ai enchaîné par l’IAE de Bordeaux. A cette époque, j’effectuais mes différents stages dans l’industrie de la mode et de la chaussure un peu partout à travers le monde. J’ai eu l’occasion d’aller au Pérou, au Cambodge ou au Pays-Bas !
C’est en dernière année de Master que je me suis réellement rendu compte de plusieurs points : l’industrie de la mode est hyper polluante et particulièrement celle de la basket puisque 95% de la production est asiatique. Cette pollution est notamment due à une utilisation de matières elles-mêmes polluantes et à une fabrication réalisée dans des conditions peu transparentes. A mes yeux, il y a donc aussi bien des enjeux environnementaux que sociaux à prendre en compte.
Parallèlement à cette prise de conscience, je savais déjà que je ne souhaitais pas être salariée… ma priorité se portait sur l’entrepreneuriat à impact ! J’ai donc imaginé le projet durant ma dernière année scolaire et j’ai lancé Zeta lorsque j’ai été diplômée.
Le projet est donc initiée en 2019 mais tout démarre réellement en 2020 avec une campagne de crowdfunding sur Ulule. C’est donc le lancement de ta première paire, le modèle Alpha. Tu avais alors un objectif de 100 pré-ventes et tu explose le compteur avec 2683% atteints. Ça fait maintenant plus de 3 ans que cela s’est déroulé mais aurais-tu un souvenir marquant sur cette période ?
Il faut savoir que cette campagne de crowdfunding a été lancé pour deux raisons : j’avais besoin de visibilité car je n’avais pas un très grand réseau mais aussi tout simplement pour des raisons budgétaires. Lancer un stock de produits ça m’aurait couté très cher et j’avais ce besoin de tester le projet, de voir l’intérêt des consommateurs.
Et c’est rapidement une réussite !
Exactement puisque qu’on atteint les 100% dès la première journée !
Pour être franche, c’est la période entière des 30 jours qui m’a marqué ! Disons que c’était un véritable tourbillons d’événements à gérer en simultané. Entre la presse, la communication, la production,… et sur ce dernier point, il a fallu tout revoir, et rapidement ! Initialement, j’avais prévu d’atteindre 300 paires vendues mais forcément, il a fallu accélérer la suite !
J’y repense maintenant mais l’un des moment marquant de cette campagne correspond à une contribution un peu particulière… La veille du lancement, j’ai ajouté une contribution pour un montant de 1000 euros qui permettait au contributeur de venir au Portugal et de fabriquer sa propre paire de chaussure. Je l’avais ajouté sans penser une seule seconde que ça plairait et finalement, j’ai eu cinq contributeurs pour ce prix !
Félicitations ! J’aimerais aborder avec toi le sujet d’un des piliers de la marque qui correspond au fait de limiter au maximum le gaspillage. Veux-tu nous en dire deux mots ?
C’était très important à mes yeux ! Au moment où je me lance, il existait quelques marques de sneakers écoresponsables… Mais le marché n’était pas aussi fourni qu’actuellement !
En partant du constat que la plupart des acteurs utilisaient des matériaux biologiques ou naturels comme du coton bio, du chanvre ou du lin, je me suis aperçu que personne n’utilisait les nombreux déchets que nous avons à disposition.
Je voulais me différencier en créant un produit qui soit uniquement fabriqué à partir de déchets. Je voulais donc un produit entièrement recyclé ! Il fallait aussi bien s’intéresser aux éléments visibles (la tige, la semelle, l’intérieur,…) qu’aux éléments non visibles (le fil, les supports, la colle,…).
L’idée était de pousser la démarche au maximum, pas seulement pour le produit, mais dans la globalité. Pour chacune des prises de décisions, on a souhaité limiter les déchets potentiels en supprimant les étiquettes, les liens en métal difficiles à recycler,… et on avait même prévu des flyers ensemencés !
Pour finir, on a aussi réfléchi à la fin de vie de nos chaussures d’où notre partenariat avec Gebetex, centre spécialisé dans le recyclage textile.
Parallèlement au recyclage, tu as choisi de miser sur une fabrication au Portugal. Pourquoi ce choix ?
Au départ, je souhaitais partir sur une fabrication française car j’ai grandi à Angers, proche d’une des dernières régions spécialisées dans la chaussure, Chollet.
Cette idée s’est rapidement compliqué puisque les coûts de production était élevés d’autant plus que mes matières premières sont également chères. J’ai donc opté pour le Portugal et je me suis même aperçu que mes matières provenaient du nord du pays. C’était une super nouvelle pour réduire notre impact carbone !
Parmi les trois usines que j’ai rencontré, la première a été très réceptive et a directement cerné mon projet. Ils ont été sensibles aux valeurs prônées et fabriquent encore aujourd’hui près de 50% de la production.
Parfait ! Tu en as parlé rapidement tout à l’heure mais tu avais aussi à coeur de faire des produits vegan, n’est-ce pas ?
Le caractère vegan a vraiment été réfléchi pour répondre à une demande du marché. On a remarqué une communauté vegan grandissante aussi bien en France qu’en Europe.
Personnellement, je considère le cuir animal comme une matière très noble lorsqu’elle provient réellement de peau d’animaux abattus pour leur viande. Malheureusement à l’heure actuelle, la production de cuir est devenue intensive, elle a été délocalisé et les animaux y sont élevés dans des conditions abominables.
J’avais donc envie de contrer cette industrie en utilisant des alternatives durables et résistantes conçues à partir d’un pourcentage élevé de matières végétales et naturelles.
On a démarré par le raisin puis on a diversifié avec le maïs et on a récemment développé une matière à partir de marc de café par notre collaboration avec Nespresso.
Un super tremplin ! Au départ de ton projet, tu faisais le constat d’une industrie très polluante, quel est ton avis sur la question à l’heure actuelle ?
Concernant les marques, je vois une évolution plutôt positive ! On remarque de plus en plus d’enseignes textiles et chaussures qui se lancent et dont la notion d’impact est directement inclue dans leur stratégie. A mes yeux, plus nous serons d’acteurs et plus il sera simple de provoquer le changement.
En revanche, côté consommateur c’est compliqué… J’ai l’impression que nous sommes encore dans une hyperconsommation et dans une mode jetable alors que ces achats devraient simplement répondre à un besoin… Je suis un peu plus pessimiste à ce niveau là.
Quand je vois de gros acteurs de la fast fashion comme SHEIN qui réussissent à ouvrir des boutiques en France, je trouve ça très décevant.
Totalement d’accord ! J’aimerais revenir sur votre utilisation de matières telles que le raisin, le maïs ou le café. Comment s’organise et se concrétise votre recherche de valoriser toujours de nouvelles matières végétales ?
Disons qu’on est très à l’affût des nouveautés ! De cette manière on regarde régulièrement les catalogues de fournisseurs européens, on participe à des salons pour trouver de nouvelles matières ou on fabrique nous-même, comme ça a été le cas avec Nespresso.
Pour choisir ou développer une matière, on se base sur trois critères que sont la durabilité, l’éthique et la distance vis-à-vis de notre usine de fabrication. On souhaite aussi bien avoir des matières innovantes que durables !
Côté produits et suite au modèle Alpha de votre campagne de crowdfunding, plusieurs modèles ont vu le jour. On peut notamment parler des déclinaisons Bicolors et A2, le modèle Beta en version B1 et B2 ou encore les versions 3Y, Alta, Velcro ou même des modèles kids. Comment réfléchissez vous ces différentes créations ?
Finalement, ça ne représente que deux silhouettes Alpha et Beta desquelles découlent plusieurs déclinaisons.
J’ai toujours essayé de développer des modèles qui soient assez simples afin de correspondre et plaire à un maximum de personnes. Depuis peu, on réfléchit à travailler des modèles un peu plus travaillé, un peu plus mode et qui correspondraient davantage à des sneakers qu’à des baskets de ville.
Pour parler du processus créatif, je dirais qu’on s’inspire des nouvelles tendances et des modèles qui plaisent, tout en les faisant plus écoresponsables.
Concernant les coloris que vous décidez de sortir ou non, comment fonctionnez-vous ?
En général, on fait voter les gens ! Ensuite, on regarde les couleurs qui fonctionnent et on tente de répondre à des codes actuels tout en restant intemporels par les formes et les silhouettes.
Que peut-on attendre de Zeta à l’avenir ?
D’ici peu, on va lancer une nouvelle matière à partir de déchets d’olives. C’est une matière à la fois innovante et intéressante en termes de qualité et de composition. Cette matière intègre plus de matières végétales que toutes les autres utilisées jusqu’a présent !
Dès 2025, on prévoit de lancer Zeta en Amérique du Nord. Il faut savoir que nous n’exportons pas nos produits pas voies aériennes pour des raisons environnementales car c’est un non-sens de fabriquer nos produits en circuit court pour les envoyer ensuite par avions.
Pour répondre à l’énorme demande qu’on a sur ce nouveau marché, on a décidé d’expédier nos produits par voilier dès la fin d’année 2024, ça représente 99% d’émissions carbone en moins comparé au transport par cargo. Nos paires seront ensuite stockés sur la côte Est des Etats-unis puis distribués en BtoC et BtoB.
De beaux et gros projets en perspectives ! Aujourd’hui, on peut voir sur votre site que vous avez près de 50 revendeurs et dont la majorité sont en France, c’est bien ça ?
Exactement ! On a ouvert en septembre dernier notre propre boutique physique à Bordeaux. On a aussi quelques revendeurs à travers l’Europe : en Allemagne, en Autriche, en Suisse et en Belgique.
Merci Laure pour cet échange ! Aurais tu un dernier sujet que tu voudrais nous présenter ?
Peut-être l’équipe ! J’ai démarré seule en 2020 et maintenant nous sommes 9 dont trois personnes à temps plein ! L’objectif est de faire grossir cette équipe pour aller encore plus loin.
Les clients peuvent donc vous retrouver dans la boutique bordelaise, en ligne ou dans les boutiques partenaires à travers la France et l’Europe ! Pour suivre la marque, ça se passe sur Instagram, Facebook, LinkedIn et TikTok !