Le secteur textile est l’une des industries les plus globalisées au monde, reliant des chaînes de production étendues sur plusieurs continents. Si cette mondialisation a permis de réduire les coûts de fabrication et d’offrir des vêtements à des prix accessibles, elle a aussi engendré un impact environnemental considérable, souvent méconnu du grand public. Parmi les principaux facteurs de ce phénomène, le transport joue un rôle central. De la production des matières premières à la distribution des vêtements finis, les kilomètres parcourus s’accumulent, exacerbant l’empreinte carbone de chaque vêtement.
État des Lieux : Fabrication Européenne versus Délocalisation
Le secteur textile est marqué par une tendance forte à la délocalisation. La majorité des vêtements vendus en Europe sont aujourd’hui fabriqués en Asie, où les coûts de production sont plus bas. Cette stratégie permet aux marques de proposer des prix compétitifs, mais elle entraîne une augmentation significative des distances parcourues par chaque vêtement. Un exemple frappant est celui d’un simple jean, qui peut parcourir jusqu’à 65 000 kilomètres avant d’arriver dans une boutique européenne, soit 1,5 fois le tour de la Terre.
La production européenne, en revanche, bien que plus coûteuse, limite ces longs trajets. Les vêtements fabriqués localement réduisent la nécessité de transports internationaux, favorisant ainsi des circuits courts et réduisant l’empreinte carbone liée au transport.
L’Impact Environnemental : Un Coût Caché
Le transport international des vêtements génère une empreinte carbone considérable. Le recours massif au transport maritime et, dans certains cas, aérien, contribue de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre. Le transport maritime, qui assure la majorité des échanges mondiaux, est responsable d’environ 3% des émissions de CO2 à l’échelle mondiale. Lorsqu’il s’agit de transport aérien, bien que moins fréquent, l’impact est encore plus élevé en raison de la grande quantité de carburant utilisée.
Ces trajets, souvent longs et complexes, sont également responsables d’autres formes de pollution, comme les émissions d’oxydes de soufre et d’azote, qui ont des effets dévastateurs sur la qualité de l’air et sur les écosystèmes marins.
Des Solutions Envisageables : Vers une Réduction de l’Impact
Face à ces défis, des solutions commencent à émerger pour réduire l’impact environnemental du transport textile. L’une des premières initiatives consiste à relocaliser la production, en favorisant la fabrication européenne. Cela permet de limiter les distances parcourues par les vêtements et de soutenir l’économie locale.
D’autres solutions incluent l’optimisation de la chaîne logistique pour éviter les trajets inutiles et le recours à des moyens de transport moins polluants. Par exemple, le fret ferroviaire peut être une alternative plus écologique au transport routier ou maritime sur certaines distances. De plus, certaines marques explorent des modèles de production plus responsables, comme le « Made to Order » (fabrication à la commande), qui réduit les surplus de production et, par conséquent, les besoins en transport.
Conclusion
Le transport dans le secteur textile représente un enjeu environnemental majeur. Alors que la délocalisation a permis de réduire les coûts de production, elle a également intensifié l’empreinte carbone de l’industrie. Cependant, en privilégiant la production locale et en optimisant les chaînes logistiques, il est possible de réduire considérablement cet impact, contribuant ainsi à une mode plus durable et respectueuse de l’environnement.
Source : ADEME