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LÉCLISSE, des sacs entièrement faits-main aux savoirs-faire d’exception

bannière interview léclisse

Découvrez LÉCLISSE, une marque de sacs exceptionnels qui met en lumière l’artisanat et les savoirs-faire. Entièrement fabriqués à la main et à la commande, ces créations sont désignées et assemblées à Paris. Fanny Serouart nous emmène dans son univers… Bonne lecture !


Interview de Fanny Serouart, créatrice de LÉCLISSE

Bonjour Fanny ! Pour commencer, LÉCLISSE est une marque d’accessoires dont l’histoire débute en 2020 et dont toi, Fanny, tu en es la l’initiatrice. Vous êtes ensuite trois cofondateurs mais pour mieux comprendre comment est née la marque, pourrais tu revenir sur vos parcours respectifs ?

Bonjour Lucas ! Donc Luc, Axel et moi, sommes tous trois designers industriels. Nous nous sommes rencontrés à l’ENSCI, une école de création industrielle.

En 2016, avant même que les sacs sortent sous LÉCLISSE, Axel et moi avions cette idée de développer un objet qui incarnerait Paris et j’ai logiquement pensé à ces chaises de terrasses, très colorées, attractives à l’œil et qui représentent si bien la capitale et l’art de vivre qui s’y rapporte.

Je les photographiais sans cesse… Pourquoi ne pas faire un sac qui s’en inspirait ?

Axel m’a immédiatement suivi dans cette idée et accompagné sur le design du premier sac. Luc nous a ensuite rejoints et a également contribué au développement de ce projet.

Tu sembles avoir une forte attache à la ville de Paris, quel est ton rapport à celle-ci ?

Je ne suis pas née à Paris mais j’y suis arrivée en 2005 pour commencer mes études supérieures à l’école Boulle. Développer un tel projet autour de cette ville est très symbolique pour moi. J’y suis très attachée et c’est l’endroit où j’ai finalement passé le plus de temps. Au fil des années, elle représente pour moi aussi bien l’indépendance, que la découverte culturelle ou l’ambiance des cafés… J’ai découvert cette ville par des quartiers comme le Marais où j’ai habité, ou encore par Montparnasse, et j’aimais aussi me promener près de la Seine depuis mon mini studio et me rendre à la librairie, maintenant fermée, La Hune. Cela a vraiment construit et nourri mon imaginaire.

Voilà en quelques sortes mes inspirations… mais en l’occurrence, je n’étais pas dans la mode. C’était quelque chose qui me plaisait et me nourrissait créativement mais je n’osais pas imaginer m’en rapprocher un jour.

Puis vient l’idée des sacs, n’est ce pas ?

J’ai travaillé 5 ans au design chez Renault où l’une partie de mon travail était d’apporter ou de créer de nouvelles matières dans l’automobile. Rétrospectivement, mon projet de diplôme portait aussi sur les matériaux et plus précisément sur le détournement des processus de fabrication des objets industriels existants.

Comment démarre donc cette aventure ?

Rapidement, Axel me propose de nous renseigner sur les fabricants de chaises et il en existe deux : Maison Gatti et Maison Drucker.

On décide d’aller voir le second, basé en Picardie, avec un premier échantillon. Je m’étais procuré de la matière que j’avais tissée plus ou moins à plat et j’avais percé chaque brins afin de trouver une technique de tissage.

Arrivés là-bas, ils nous font visiter leurs ateliers, nous rencontrons le dirigeant et la petite équipe de femmes qui tresse les chaises. On y découvre réellement le savoir-faire et l’apprentissage nécessaire à cette fabrication à la main. La seule mécanisation que j’ai pu observer est le coupage des brins de Rilsan, un bio-plastique fait à partir d’huile de ricin inventé en France dans les années 50.

Ils apprécient notre échantillon, notre façon de travailler, nos expérimentation, nos dessins, et nous invite à revenir une fois le produit terminé…

Mais il se passe finalement bien des choses avant la création officielle de LÉCLISSE…

Entre-temps, nous avons développé une autre marque, DÉJÀ-VU à la suite d’un long voyage tous les trois en Amérique du nord. Nous ne trouvions pas d’objets intéressants, faits localement et accessibles à rapporter. Nous décidons à notre retour d’imaginer des objets-souvenirs pour Paris, contemporains et fabriqués en France qui racontent un patrimoine et des savoir-faire. Une démarche inspirée par ce que nous avions commencé avec le sac mais avec un positionnement très différent. À partir de là, les deux projets se sont développés en parallèle.

Quel a été le premier modèle de sac à être développé ?

J’ai dû me former aux métiers du cuir mais cela s’est fait assez naturellement. Déjà chez Renault, j’ai découvert les métiers de la sellerie automobile. J’ai aussi eu l’occasion de dessiner des sacs pour des concepts-car et ainsi rencontrer des maroquiniers, des ébénistes et de côtoyer de nombreux autres savoirs-faire et process industriels.

C’est en 2018 que le premier prototype du Magot voit le jour. Il est composé de bois moulé verni et fabriqué en série en France. Cette structure sert de support au tressage des brins de Rilsan. Pour ce modèle, nous utilisons du frêne pour plus de finesse car nous avions à cœur de nous départir du côté rustique du rotin. Le fut en bois tressé est ensuite assemblé avec les éléments de maroquinerie.

Les autres modèles sont ensuite directement développés ?

La Magot a nécessité une longue mise au point. C’est un objet technique et exceptionnel. Nous esquissons ensuite rapidement un second modèle rond, le Rotonde, il réutilise tout ce que nous avons appris pour le premier modèle mais avec une production simplifiée qui permet de proposer un sac plus accessible tout en conservant une signature forte.

LÉCLISSE n’existe pas encore et ces créations apparaissent sous le nom DÉJÀ-VU, c’est bien ça ?

Effectivement on a présenté les premiers sacs lors du lancement de DÉJÀ-VU lors d’un Pop-up en décembre 2020, après une pause suite aux divers confinements.

Globalement cette expérience est positive et les produits sont appréciés. Le thème parisien rend l’ensemble cohérent mais la disparité des prix entre les sacs et les objets-souvenirs, le modèle à la commande versus l’achat immédiat… Tout cela nous fait comprendre la nécessité d’une marque et d’un univers distinct pour les sacs.

On décide alors de plancher à nouveau sur notre idée et on fait appel à Romain Tardy (Agence Bureau Tardy) qui nous aide à poser les bases de cette deuxième marque.

On a désormais deux marques à gérer et il devient nécessaire de répartir les choses. Cela se fait assez naturellement selon les expertises et les envies de chacun. Luc prend la direction de DÉJÀ-VU, je prends la direction de LÉCLISSE et Axel continue de travailler à la direction artistique des deux marques.

Arrive finalement 2022 où LÉCLISSE voit officiellement jour, comment décrirais tu ce renouveau ?

Effectivement, le lancement officiel date de septembre dernier.

On avait à cœur de donner une orientation plus « mode ». Pendant des années, on a regardé ces objets avec un regard de designer ou d’artisan. Cette nouvelle marque était vraiment l’occasion par le dessin et la communication de sortir de ces codes pour être plus audacieux.

structure bois Léclisse

Le passage du prototypage à la série nous fait aussi reconsidérer notre fabrication strictement française. On décide de garder l’artisanat de bois et de cannage en France, et on déplace une partie de la maroquinerie au Portugal où il est plus facile de trouver des ateliers produisant des petites séries pour des jeunes marques.

Est ce que tu veux nous parler du nom LÉCLISSE pour lequel tu as opté ?

Dans n’importe quel objet tressé, l’éclisse désigne le brin de tressage mais cela désigne aussi la pièce technique en bois courbée qui forme la silhouette d’une guitare par exemple.

On a décidé d’enlever l’apostrophe pour garder LÉCLISSE. Plus tard, on a aussi découvert que ce mot désigne une « éclipse » en italien. C’est en effet un film Franco-Italien des années 60 d’Antonioni avec Monica Vitti et Alain Delon ou encore une lampe, devenue classique du design, de Vico Magistretti. Tout cela colle finalement très bien à l’univers de la marque.

Veux-tu nous parler de votre première collection ?

On a voulu revenir à l’ADN de base du projet, à savoir Paris, ses cafés, ses soirées… D’où le thème de la première collection qui est Les nuits parisiennes, et ses couleurs flashy qui font référence aux néons.

On voulait un peu se départir de l’idée des chaises, imaginer et créer des tressages inédits, tout en gardant des couleurs iconiques comme le noir et l’ivoire.

L’un des trois modèles, le Rotonde est ensuite porté par Emily Cooper/ Lily Collins dans la série Emily in Paris. Comment s’est-il retrouvé à l’écran ? Est ce que cela a-t-il eu un effet particulier ?

Au moment où on s’est consacré réellement à LÉCLISSE, on a voulu testé les premières réactions à la nouvelle collection en postant sur instagram quelques images des nouveaux modèles entièrement en CGI (NB : computer-generated imagery ! Le compte était vraiment naissant, mais coup de chance l’équipe de la costumière l’a vu et nous a contactés!

Emily in Paris - Léclisse bag

Cette mise en avant a fortement aidé au lancement puisqu’en décembre dernier la saison 3 est sortie et le modèle mis en lumière est finalement devenu notre best-seller ! On a eu des commandes en Corée, à Hong-Kong,… grâce à la série !

Aujourd’hui, il existe trois modèles – RALLYE, ROTONDE, MAGOT – tous trois constitués de bois, de cuirs et de bioplastiques, si je ne me trompe pas, quelle a été la réflexion derrière ces trois designs ?

Le RALLYE et le ROTONDE sont des modèles qui ont été dessinés pour allier le savoir-faire artisanal exceptionnel et les contraintes de la fabrication en série.

Le MAGOT, notre premier modèle, est pour moi une pièce de prestige. Par sa forme trapézoïdale, il est très élégant mais extrêmement technique à réaliser. Les sacs demandent une technique encore différente des chaises par notamment plus de finesse.

Leurs noms respectifs font référence à des cafés et lieux parisiens. Pour l’anecdote, le RALLYE est à la fois un clin d’œil à mon expérience dans l’automobile que cette image du parisien/ de la parisienne, souvent pressés.

Votre modèle demeure de toute manière à la demande par son assemblage unique en son genre. Est-ce qu’avoir une démarche « slow » était un souhait ?

L’idée a toujours été de faire de l’intemporel, des pièces qui durent et que l’on a envie de garder pour la vie. La porte d’entrée de la marque n’est pas pour autant l’environnement stricto sensu mais nous souhaitons contribuer à cette réflexion bien sûr.

On met davantage en avant le caractère exceptionnel lié aux savoirs-faire, à l’artisanat et l’innovation par la technique qu’on développe.

Aujourd’hui nous utilisons des cuirs classiques mais nous espérons très vite intégrer des cuirs upcyclés voir des cuirs à tannage végétal. Pour des raisons budgétaires, cela n’a pas été possible dès le départ.

Notre deuxième contrainte vient aussi de la palette de couleurs de Rilsan disponible et des potentielles ruptures de stocks. C’est cette dernière qui drive véritablement le design général. Si le projet prend de l’ampleur nous pourrons produire la Rilsan à la couleur.

Pour en revenir aux produits, ces derniers vont de 420€ à 850€. Un prix relativement correct quand on y regarde de plus près et qu’on connaît notamment le temps de travail nécessaire, n’est ce pas ?

Effectivement, le tressage est entièrement fait à la main en Picardie et à Paris par mes soins, la maroquinerie est très peu mécanisée et la structure en bois signature designée par nos soins et fabriquée en série est purement française. Pour finir, tout l’assemblage est actuellement réalisé dans notre atelier à Paris et ça demande beaucoup de temps.

De part les savoir-faire, je n’ai pas peur de dire que c’est un travail exceptionnel.

Aujourd’hui si l’on veut pérenniser notre projet, embaucher, imaginer des développements futurs, pouvoir s’agrandir et vendre dans quelques lieux exclusifs en wholesale ou continuer à produire largement en France, nos prix vont devoir sensiblement augmenter.

Tu parlais de nouvelles envies, est ce que tu veux nous en dire deux mots ?

J’ai particulièrement à cœur de développer une gamme monochrome prochainement. C’est en cours !

Au départ, notre parti pris était de faire seulement des cuirs noirs tout en jouant sur la diversité des couleurs de tressages mais c’est difficile à suivre sur la durée, aussi bien pour notre prestataire de travailler au compte goutte, que pour nous, d’avancer sans stocks.
Pour la prochaine collection qui va sortir, on va donc se concentrer sur des modèles monochrome, réduire la quantité des motifs et garder cette idée pour des drops.

Concernant l’avenir plus lointain, on ne va pas forcément se focaliser sur le tressage. Nous envisageons le développement d’autres sacs qui mettent en avant d’autres savoir-faire exceptionnels.

Découvres en davantage sur le site de la marque et via leurs reseaux sociaux.


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