A une ère où les périodes de promotions, de soldes ou encore les tonnes de codes promos se chevauchent, on peut vraiment se poser la question du juste prix de notre dressing.
Cette année 2021 a été une belle aventure pour Not A Game mais aussi pour moi à titre personnelle. Je ne m’étais jamais interrogée sur l’impact de la mode sur l’environnement et cette année a été l’occasion d’échanger avec diverses personnes sur le sujet, aussi bien des professionnels que des amis, la famille… Un point qui revient très souvent dans les échanges est le prix… le juste prix. Dans la mode, la slow fashion serait plus cher que la fast fashion.
Au début, je levais les yeux en me disant tout simplement qu’il suffit de voir les prix sur Vinted, Le bon coin, dans les friperies, Emmaüs pour se rendre compte des prix abordables des produits. Ces prix sont généralement inférieurs au prix de vente. Mais plus le temps passe, plus je me dis que la réalité est loin d’être aussi simple. En fait, pour être honnête, je me suis également retrouvée à lever les yeux au ciel, en tombant sur des pulls vintage à 50 euros par exemple lors de certains pop-up.
Alors, que faire ? Comment savoir si le prix d’un produit est bas, juste ou abusif ? Ou est-ce juste une question de point de vue ?
Le manque d’information dans l’industrie de la mode
Le prix est le chiffre qu’on associe à la valeur d’un bien. Cette valeur dépend de plusieurs éléments : le coût de production, le cout de la matière première, la rareté du vêtement… Mais nous faisons là déjà face à une limite qui est le manque d’informations. Combien cela coute t-il à une marque de fabriquer un jean ? Pourquoi avons-nous des jean à 10 euros, 20 euros, 100 euros… Qu’achetons nous réellement ? Une marque ? Un produit ? La diversité des prix proposés sur le marché est telle qu’on s’y perd facilement.
En tant que consommateur, nous avons des critères subjectifs et propres à chacun pour juger de la valeur d’un vêtement. Je pense au pouvoir d’achat et ce que je vais appeler degré de coup de coeur pour le vêtement. L’idée étant, si théoriquement le jean de qualité coute 50 euros, et que j’ai 25 euros à dépenser pour un jean, forcément mon choix se tournera vers un jean de moins bonne qualité. Si j’ai un coup de coeur pour le jean et que je ne veux que celui là, soit j’attendrai pour l’acheter plus tard ou ferai tout simplement l’effort de mettre le prix qu’il faut.
Cette réflexion, nous la faisons tout le temps en temps que consommateurs. Mais les marques, surtout les jeunes marques écoresponsables, la font également. Leur défi étant de fixer un prix, qui récompense de manière juste le travail fourni, mais aussi un prix qui reste assez attractif pour le consommateur. Aussi bien pour l’acheteur, que pour les marques, le manque de communication sur la manière de fixer les prix engendre des référentiels erronnés. Il devient difficile à l’heure où explose des plateformes qui proposent des prix extrêmement bas, de se rendre compte de certaines problématiques.
Un prix trop bas peut il cacher un problème ?
Un prix trop bas a longtemps été considéré comme synonyme de mauvaise qualité. Cependant, avec l’accélération des tendances, c’est une notion qui a été oublié. Entre un vêtement de 10 euros à changer tous les mois et un vêtement de 100 euros à changer tous les mois… Le choix semble vite fait. Cela me fait penser à des hauls de vêtements pour un total de 1000 euros. Ces vidéos étaient partout sur les réseaux sociaux et le phénomène est hallucinant.
Que deviennent tout ces vêtements que la fast fashion rend obsolète en peu de temps ? De déchets, de la matières premières gaspillées. Quant à la possibilité de réutiliser ces vêtements, leur mauvaise qualité, en font des produits peu exploitable dans la durée. Mais au delà de la qualité, il y’a la notion de récompense du travail. Est ce que les travailleurs qui fabriquent les produits si peu chers ont un salaire décent ? La crise humanitaire liée à la situation des Ouïghours nous montre que la question n’est pas à ignorer. Un prix trop bas peut cacher une situation déplorable des travailleurs. Et encore une fois, le manque de transparence des entreprises ne nous permet pas de juger.
La transparence pour prouver le prix juste
Ce n’est pas facile de répondre à la question du prix juste. De plus, certaines entreprises ou marques pratiquent volontairement des prix élevés car cela fait partie de leur stratégie. C’est à ne plus rien comprendre. Dans ce contexte, une communication honnête et transparente est la solution. Certains fabricants le font déjà. Je parle souvent du devoir du consommateur, et nous devons être de plus en plus demandeur d’information. Plus le consommateur demandera des informations, plus les marques seront enclines à en fournir.
Et à mon niveau, j’ai fait une expérience qui m’a permis de comprendre l’importance de la question du prix. Il y’a une marque que j’adore particulièrement. Et ma première réaction a été : « oh, c’est trop cher ». Pourtant je trouve les créations magnifiques et unique. Comme il s’agit de vêtements tricotés, je me suis donc intéressées au tricot. J’apprend donc actuellement à tricoter, et après une bonne heure de tuto sur YouTube j’ai compris. J’ai compris la difficulté du travail de la créatrice, le talent aussi, et pris conscience du temps nécéssaire à la fabrication des produits. Pour les curieux, la marque dont je parle est Elization Studio.
Alors, si vous aimez créer, n’hésitez pas à fabriquer certains produits. C’est un exercice très instructif. Et surtout, demandez vous quel prix vous donneriez à votre création. Il n’y a pas de réponse à la question du juste prix des produits dans la mode. Recherches d’informations et transparence sont nos alliés pour en apprendre plus.