Découvrez HODEI, une marque de sneakers monomatières développées dans l’idée d’être recyclées. Benjamin, co-fondateur, nous parle de sa passion pour le design fonctionnel, de ses problèmes rencontrés et du concept unique qu’il a lancé. Bonne lecture !
Bonjour Benjamin, tu es le co-fondateur de Hodei. Il me semble que tu aimes les sneakers, c’est cette passion qui t’a finalement amené à te lancer dans ce projet ?
Effectivement, j’aime beaucoup ça. Je suis né en 1984, donc en plein dans la culture sneakers mais je suis particulièrement attiré par le design fonctionnel. A titre personnel, je me suis mis à la modélisation 3D. Parallèlement, au lancement d’Hodei, j’ai remporté un appel à projet de Eco TLC, appelé maintenant ReFashion.
Ceci m’a permis de financer une étude de marché mais aussi la moitié du premier moule. On a ensuite eu aussi des subventions de la part de l’ADEME, notamment pour la réalisation de nouveaux moules. D’ailleurs, on les réalise en France, à Angers.
La réalisation des modèles est également française ?
Tout à fait et c’est à Dijon ! Pour le prototypage, on a mis du temps parce qu’on a galéré à trouver un plasturgiste qui fait de l’EVA expansé.
La personne avec qui nous travaillons n’en fait pas sa spécialité donc on a dû modifier plusieurs fois le moule pour arriver à des résultats concluants.
Dans le cadre de votre lancement, une campagne Kickstarter a également aidé à développer toute cette partie ‘Recherche et Développement’ ?
C’est bien ça ! On a pu développer un second moule dernièrement et les nouveaux tests d’injections ont pu commencer depuis quelques mois. Mais ils ne se passent pas très bien.
Nous allons très certainement déménager toute la production sur un autre site à la rentrée, avec des presses plus adaptées.
C’est un vrai défi ! Pour en revenir aux prémices du projet, est ce que ta passion pour les sneakers, le design sont les seules raisons qui t’ont poussé à te lancer ?
C’est sûr que j’aime beaucoup les sneakers, même en tant qu’objet !
Je me suis pas mal inspiré de la Huarache de Nike mais l’idée des différents clips me vient vraiment de mon goût pour le design fonctionnel et l’impression 3D. J’aime beaucoup l’aspect déconstructible et l’appel à projet m’a vraiment poussé à développer encore davantage l’idée de départ du projet.
Tu as vraiment dû développer à la fois la partie design, sans oublier le côté durable du projet…
C’est ça ! Je bossais à la fois sur l’impression 3D tout en étudiant les guides d’eco-conception d’Eco TLC et de l’ADEME. Ils permettent vraiment de voir comment bien faire les choses en termes d’écologie, d’en savoir davantage sur les contraintes du recyclage notamment.
La chaussure, d’une manière générale, est un vrai casse-tête à recycler. On est généralement sur une quinzaine, voir une trentaine de matériaux différents cousus ou collés entre eux. Dans ce cas, le fait de les séparer, les trier, les retraiter… ça coûte aussi cher que de partir de zéro.
En gros ce que recommande l’ADEME, si tu veux faire du recyclage efficace, fait du recyclage mono-matière.
Cette volonté d’être écoresponsable, moins-polluant, de recycler, c’était obligatoire au lancement de Hodei ?
Totalement ! L’impression 3D permet aussi cela. Le rendre à la fois accessible à tous et de manière durable.
Je suis plutôt prudent quand je parle d’écologie. Je ne sais pas si c’est la meilleure solution mais ça reste une solution alternative et locale intéressante pour la production et le recyclage des chaussures.
J’aime ce milieu mais j’ai maintenant des scrupules à m’acheter une paire de Nike ou d’Adidas quand je vois comment c’est fait. Les grandes boîtes n’ont pas la flexibilité de changer leurs lignes de production alors quand t’es une petite marque, autant y aller jusqu’au bout si tu es dans cette démarche d’éco-conception.
On en vient donc à préciser un peu plus ce qu’est Hodei. C’est une marque de chaussures recyclables, consignées et en open source. Ça veut dire nuage en basque, est-ce qu’il y a un lien ?
C’est vrai ! Mon grand-père est d’origine basque et j’y ai passé pas mal de temps les étés. Sinon j’ai grandi en Martinique. J’ai toujours eu ce rapport à la mer et à la nature en général.
Pour le nuage, cela fait référence au cycle de l’eau et donc, à la circularité du projet.
Pour cela, il y a l’idée du « consignage ». Tu peux nous expliquer comment cela fonctionne ?
Le fonctionnement est assez simple.
Nous avons fixé un eco-dépôt à 10 euros. Quand l’utilisateur souhaite retourner sa paire de chaussures, on lui envoie une enveloppe RePack afin qu’il nous transfère le produit. Dès qu’on l’a récupéré, on rétribue cette somme à la personne en échange de la matière qu’on pourra réutiliser.
On souhaite appuyer sur le fait que ce n’est pas un bon d’achat. S’il ne souhaite pas reprendre de modèles, il a au moins l’assurance que sa paire sera recyclée.
Par contre, s’il souhaite une nouvelle paire ou juste un nouveau chausson, il peut le racheter. On lui renverra son nouveau modèle et au retour de son ancienne paire, il recevra son eco-dépôt.
Donc ce système de retour n’est pour l’instant que destiné au chausson ?
Absolument ! On verra par la suite pour le reste puisque pour l’instant on collabore avec Samji pour la réalisation de bagues réalisées à partir de plastiques de l’hôpital Necker.
On a la volonté de fabriquer ces clips durs grâce à de l’injection mais cela demande beaucoup de moyens. A l’heure actuelle, c’est du SLA, de la résine, et on utilise de l’impression 3D.
L’aspect deconstructible est d’ailleurs un élément central du projet.
Tout à fait ! Il y a cette stratégie de travailler la conception en amont pour au final, simplifier le retraitement de la chaussure en fin de vie.
J’ai remarqué que vous proposiez également des pièces en cuir au sein du kit.
Tout à fait ! Comme c’est une matière qui se recycle très mal, on a fait le choix de se fournir directement à la Réserve des Arts de Pantin où on retrouve des cuirs non vendus.
C’est une véritable mine d’or !
C’est bien noté ! Vous proposez ensuite un second concept cher à vos yeux, celui d’open source.
C’est ça ! On est super heureux de développer cette branche. On a pu inclure de nouveaux modèles dernièrement et les premiers utilisateurs ont eu l’occasion de créer leurs propres pièces.
On s’améliore encore et on essaye d’étoffer cette partie afin de guider encore davantage l’utilisateur sur les matières à utiliser notamment.
Top ! Le seul besoin particulier est d’avoir une imprimante 3D, c’est ça ?
Effectivement, après personnellement j’en ai pas et je passe par Sculpteo, un prestataire situé à Villejuif.
Concernant les lanières, une paire de ciseaux suffit.
C’est génial ! Comme tu le disais, votre volonté est vraiment d’étoffer les fiches techniques afin que les personnes soient davantage guidées. D’autres accessoires sont en cours de réflexion aussi ?
Tout à fait ! On travaille sur des éléments qui rendraient la paire plus hivernale aussi.
On souhaite mettre plein d’outils à disposition, comme des sangles, des lacets,…
Toujours dans l’idée de laisser l’utilisateur faire sa propre paire, mais aussi de pouvoir l’améliorer.
Il y a cette idée d’entraide également. Que la communauté elle-même puisse montrer son expérience du produit.
Oui ! On a l’exemple de Robert Quach, un célèbre designer. Celui-ci avait réutiliser mon fichier 3D des plugs de lacets en l’élargissant et en adaptant le design pour pouvoir l’utiliser avec des grosses cordes.
Il y a un petit moment maintenant, vous avez collaboré avec l’artiste Alexandre Bavard, dit Mosa. Tu veux nous en parler un peu ?
Tout à fait !
Personnellement, ça fait très longtemps que je le suis et que j’aime son travail que ce soit en tant que grapheur ou en tant que plasticien. J’avais découvert son travail à l’époque où il était dans le collectif de grapheur parisien PAL crew.
C’est assez naturellement, je lui ai proposé le projet. mais j’étais pas certain que ça l’intéresse. Au final il était super curieux, et
motivé, Le tout était de savoir si on voulait qu’il réalise des paires portables ou quelque chose de très artistique.
Il a pu complètement se lâcher et taffer sur quatre modèles super originaux !
Le modèle permet vraiment aux artistes de développer leur créativité, il y a d’autres collaborations de prévus ?
Exactement, l’artiste Thomas Koenig par exemple a pu travailler la paire à sa manière.
C’est un artiste suisse basé à Paris, lui aussi multi-casquette, dont la pratique est principalement inspirée du dessins.
On y retrouve des pièces de cuirs récupérées à la Réserve des Arts. On est ensuite allé les sérigraphier sur Paris, chez Frenchfourch. L’idée était de créer tout un univers donc même les packagings d’envois sont marqués.
C’est une collaboration sur une petite série de pièces mais on était attaché à travailler dans un petit rayon autour de nous.
Top ! Pour en revenir au chausson, l’EVA expansé vient du plastique. Tu veux nous expliquer davantage cette partie, histoire de vulgariser et comprendre comment cela fonctionne ?
Tout à fait ! C’est bien un dérivé du pétrole.
En suivant les tutos, les conseils de l’ADEME, on a recherché à remplacer ce matériel par quelque chose de plus écologique.
Si tu veux rester sur ce concept de mono-matière pour favoriser le recyclage et donc utiliser le même matériel pour l’empeigne que pour la semelle, tout en gardant de la légèreté, et l’amortis, tu n’as pas vraiment le choix.
Déjà, rien qu’avec cette démarche, on est à 2kg de CO2 équivalents par paires, soit moins que toutes les alternatives. Le fait de produire en France réduit considérablement l’impact mais c’est aussi dû à l’énergie française qui est relativement propre. A cela, s’ajoutent peu d’étapes de confections, peu de matières différentes et un poids très faible.
En comparaison, le caoutchouc naturel est traité et transformé (par vulcanisation) pour arriver à sa forme exploitable et il devient difficilement recyclable après utilisation finalement. Sans compter que c’est bien plus lourd !
Bien sûr ce serait l’idéal d’arriver à un produit qui soit à la fois conçue à partir d’éléments 100% naturel et qui soit également simple recycler avec un faible impact carbone, mais les deux peuvent s’avérer incompatible dans certaines situations. Encore une fois, l’idée n’est pas de critiquer les autres, il n’y a pas une seule bonne solution. L’important c’est d’être transparent et cohérent dans sa démarche.
Et pour nous, c’est bien plus clair ! Lors de l’événement DRP au Grand Palais Éphémère,
vous avez aussi pu mettre en lumière 3 créations également issues de collaborations.
C’est bien ça ! On a bossé avec trois artistes : GUES, La Brigade du Bloc by Decathlon et Frenchfourch.
Puis on a une superbe collaboration avec TRAX qui arrivera dans quelques mois.
Hâte de voir ça ! Un mot pour la fin ?
Ça prend du temps !
Je trouve ça important de le rappeler. On a eu une cette volonté de construire quelque chose de nouveau et de mettre en place
une solution pérenne d’un point de vue ecologique. Mais forcement on essuie pas mal les plâtres, on a pas mal d’écueils et il faut être patient. 🙂
Découvrez les chaussures disponibles dès à présent en précommandes.
🔥 Доброго вечера,на ваши данные прислали билeт лoтo. Пройдите в личном кабинете - https://forms.yandex.ru/cloud/62b713466855cca634ae6e2c/?hs=9e9d3ef26c7e731824930c914abc23de& 🔥
dakhqk