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Marché Noir Lomé Paris : du vintage, de l’artisanat et un lifestyle

bannière Marché Noir Lomé Paris Interview

Découvre Marché Noir Lomé Paris ! Amah Ayivi, créateur de la marque, nous parle de style par sa passion pour le vintage, de son souhait de mettre en lumière le véritable artisanat africain et de l’état d’esprit qu’il a su créer. Bonne lecture !


Bonjour Amah, tu es le créateur de Marché Noir Lomé Paris. Avant de parler plus amplement de ta marque. Pourrais tu nous parler de toi, de ton rapport au style, à la mode ? 

Bonjour ! Effectivement, fondateur de Marché Noir Lomé Paris et j’ai envie de te dire que c’est bien plus qu’une marque !

Pour revenir à la genèse du projet, c’est arrivé en réalité assez naturellement. Dès l’adolescence, c’est par amour pour le style que je me suis tourné vers le vintage. J’ai toujours eu envie d’avoir mon style unique et ce mode de consommation m’est finalement apparu comme une évidence pour obtenir des pièces spéciales. 

Je me souviens d’ailleurs qu’au lycée, je n’étais pas en jogging/basket et mes potes se moquaient de moi. J’avais mon propre style et ils ne comprenaient pas à l’époque. C’est de cette manière que j’ai forgé mon image à travers mes chinages successifs. 

Les choses se sont enchaînées assez naturellement. J’ai fait des études de marketing à la base mais j’ai vite compris que travailler dans un bureau ne me conviendrait pas. Je suis devenu directeur de casting à la suite de mes études. 

Amah Ayivi, créateur de Marché Noir Lomé Paris, shot by DiorDior

Pendant près de neuf ans, j’ai aussi bien fait des clips que de la pub, sans m’éloigner réellement de ma passion pour le vintage. A cette époque, mon style plaisait aux gens dans le milieu et certains me demandaient de chiner pour eux des pièces. Petit à petit, j’ai continué à chercher des vêtements, tout en faisant un peu de stylisme sur certains tournages et une vocation est sans doute née. 

Après cette expérience, je suis allé au Comptoir Général avec un concept tout simple : « L’Afro Brunch ». En 2011, le lieu ne faisait pas de brunch et j’avais cette envie de ramener un concept d’Afrique que j’avais déjà pu faire dans le bar d’un ami. Rapidement, il y a eu un certain feeling entre le chef d’établissement et moi, et celui-ci savait que je voulais ouvrir une boutique vintage depuis un moment. Au moment où il a senti que je voulais partir il m’a proposé de me confier un espace au sein de son restaurant. Il m’a alors laissé la mezzanine et m’a financé le lancement de ce projet dont j’avais les clés ! Ça s’appelait La Pièce Rapportée et c’est en quelques sortes les prémices de Marché Noir.

Aujourd’hui, tu sources tes pièces au Togo et tu les ramènes en Europe, comme tu nous l’avais si bien dit : « Ces vêtements sont envoyés comme déchet en Afrique et moi je les ramène comme trésor en Europe. » Est-ce que tu as démarré comme ça ?

A cette époque, j’ai réfléchi à l’endroit où je voulais sourcer mes pièces… Rapidement, j’ai fait le constat qu’au Togo, d’où je viens, pleins de vêtements arrivent d’Europe. Pourquoi ne pas aller les chercher et les revendre ici ? J’avais déjà vu le potentiel des pièces qui s’y trouvent comme les bleus de travail et j’étais convaincu qu’il y avait quelque chose à faire. 

A mon premier voyage au Togo, j’ai donc ramené une demie tonne et c’est comme ça que l’aventure a commencé. J’avais a coeur de mettre en lumière aussi bien mes racines que le lieu où j’ai grandi et c’est tout naturellement que la marque s’appelle Marché Noir Lomé Paris

Il y a tout un état d’esprit derrière ce projet, un lifestyle dans lequel on peut se reconnaître. J’ai l’habitude de dire que le client Marché Noir est curieux, ouvert aux autres et sur le monde. Pour vivre l’expérience, il faut avoir ses qualités là sinon on s’arrête simplement au concept du vêtement vintage

Il ne faut pas s’arrêter à la simple fonction qu’on peut donner à un vêtement, n’est ce pas ? 

Exactement ! Il y a tout une histoire derrière ! 

Le fait d’aller chercher des vêtements en Afrique est aussi un acte militant. On y envoie beaucoup de choses finalement comme déchets et c’est ce que je combat. Mon idée est donc de sélectionner les bonnes pièces, de les retoucher ou pas, et de les revendre dans un écrin au cœur du Marais. Je me retrouve ainsi à vendre ces pièces à des fashion people qu’ils soient japonais, américains, scandinaves ou autres ! 

Derrière cet acte militant, il y a un business qui fait vivre des gens sur place et qui me fait vivre ici aujourd’hui. 

Marché Noir Lomé Paris démarre donc en 2012 ?

Officiellement, ce business démarre en 2012 mais ce n’est d’autre que la continuité d’une passion. J’ai commencé pour moi, puis pour des potes, mais le maître mot reste le style au fil des années. J’aime mettre en avant le chic africain

Tu développes ta marque autour du vintage mais tu mets également en lumière l’artisanat, c’est une volonté que tu as depuis longtemps ?

Encore une fois, ça s’est fait de manière organique ! J’ai toujours su au fond de moi que mes propres designs seraient imaginés avec un tissu africain

On m’a proposé pleins de fois de faire des collaborations mais j’ai très vite compris que le mass market n’était pas pour moi. 

J’ai commencé petit à petit en 2016. Le kente que j’utilise donc pour mes créations m’est finalement apparu comme une évidence. J’ai été inspiré par cet ancien président Ghanéen du nom de Jerry Rawlings, qui portait le kente, le batakali dans toutes ses sorties, même internationales. 

J’ai aimé ce côté panafricain de représenter son pays et son continent avec des tissus de chez lui. Ça m’a vraiment touché ! 

Comment s’est passée le lancement de tes produits en kente ?

J’étais en contact avec beaucoup de japonais mais ces derniers n’aimaient pas la forme large du batakali. Ils voulaient quelque chose de plus serré, plus cintré. 

J’en ai fait pour leur faire plaisir mais je me suis ensuite ravisé. J’avais à coeur d’utiliser la forme originelle, de la retravailler et de pouvoir aussi raconter l’histoire de ce vêtement. Je voulais que les gens comprennent la fonction de ce vêtement et d’où il vient. Le style est encore une fois central. 

Je m’appuie sur un stylisme très fort pour attirer l’attention des gens. 

Concernant la fabrication de tes vêtements, une partie est conçue, réparée au Togo mais vous faites aussi un peu de serigraphie en France, c’est bien ça ?

Voilà pour être plus précis, le tissage du kente est réalisé au Ghana tandis que le flocage est fait fait au Togo. De même que pour les bleus de travail, c’est imprimé au Togo. Ensuite, toute la partie t-shirt est faite en France

Dernièrement, j’ai collaboré sur des sabots avec Diemonde, une marque suédoise. Ces derniers sont dont réalisés là-bas. Il y a une démarche éthique derrière cette idée. Pour ces paires, on récupère des peaux restantes d’autres sociétés. De cette manière, on s’adapte à la quantité qu’on peut produire et ça a en quelque sorte un caractère unique et rare finalement.

Dans ta boutique et au fil de tes interviews, on peut voir que tu accordes beaucoup d’importance au bleu de travail, pourquoi ce vêtement vintage en particulier ?

C’est arrivé un peu par hasard en réalité…

Je possède un bleu depuis près de 30 ans maintenant et j’ai toujours apprécié la patine de cette pièce. Naturellement, quand j’ai commencé à sourcer des pièces pour la boutique du Comptoir Général, je me suis tourné vers les vêtements de travail et de l’armée

J’aime la fonction de ces pièces et les détails incroyables qu’on peut y trouver. Ce sont des vêtements très fonctionnels tout en ayant un certain style ! Ils m’attirent et m’étonnent toujours… Comment peut-on prendre autant de temps sur le design et le style d’un vêtement destiné au travail ?

C’est la même chose pour les vêtements militaires ! A mes yeux, les armées du monde sont les plus grands stylistes car ils ont inspirés de nombreux designers au fil des années. Ce sont des basiques à avoir dans sa garde robe. 

Bleus de travail Marché Noir Lomé Paris

J’aurais aimé aborder un sujet que tu soulèves par ton activité, c’est le cas de toutes ces quantités de vêtements qui sont amenées en Afrique. Penses tu que c’est fondamentalement une mauvaise chose pour les populations locales ?

A mes yeux, il y a de nombreux bienfaits à ces envoies ! Je ne prône en aucun cas le fait d’arrêter d’envoyer des vêtements. Il faut savoir que ça crée une économie de dingue sur place ! Si on arrêtait aujourd’hui, beaucoup de gens mourraient de faim. 

La seule chose à améliorer est la sélection de ces vêtements qui partent d’Europe en majorité. De plus, il faut que les gouvernements africains mettent un veto sur certains produits qui peuvent être envoyés. Il est nécéssaire qu’un tri soit fait : nous n’avons pas besoin de manteau de fourrure par exemple. Certains pays d’Afrique peuvent avoir des températures plus basses par moment donc ces pièces peuvent leur être bénéfique. 

Si tout est envoyé sans faire attention, ça finit par polluer nos océans, nos rivières, etc…

Merci Amah pour cet échange ! Aurais tu un dernier mot à ajouter ?

Comme j’ai pu le dire, Marché Noir Lomé Paris n’est pas qu’une marque de vêtements. Il y a cette ambition de montrer à nos petits frères que tout est possible. 

Il ne faut pas s’arrêter à la couleur de peau, ni aux études qu’on a pu faire. On doit exploiter ses compétences au mieux et croire en sa vision. Personnellement, j’y ai toujours cru. On m’a souvent répété que j’aurai dû faire du wax mais ce n’est pas moi. L’histoire de ce tissu de ne me plaît pas, ne m’intéresse pas et ce n’est même pas un tissu africain à la base…

Exactement.. d’Indonésie à l’origine…

Voilà ! A la base, il vient de là-bas mais celui qu’on voit partout maintenant vient d’Hollande. Depuis les périodes d’occupations, il a été importé et a pu bénéficier à certaines femmes, qu’on appelait les Nana Benz au Togo. C’est un commerce qui a tout de même permis au Togo d’évoluer et d’exister sur la scène internationale. D’une manière générale, sa situation géographique et son port marchand, qui est l’un des plus profonds de la zone, a permis de faire rayonner le pays, encore aujourd’hui.

On peut donc retrouver Marché Noir dans le Marais au 18 Rue Commines 75003, en Pop-Up également par moment et un site web sera bientôt disponible, c’est bien ça ?

C’est ça ! Le site est en construction depuis un moment mais il sera lancé avant cet été. 

Etant donné que j’ai beaucoup de gens à l’étranger qui me demandent des pièces, il faut pouvoir leur donner accès.

On s’est notamment rencontré lors d’un Pop Up où la marque Marché Noir était présente. Est ce que se rapprocher de créatifs avec qui tu partagent les mêmes valeurs, c’est quelque chose d’importants pour toi ? 

Je pars de l’idée que seul, on peut faire des choses mais à plusieurs, on est plus forts. On crée une communauté avec des gens aux compétences différentes et qui peuvent s’entraider. 

Le Global Villagepeut se faire aussi bien à Paris, qu’à Abidjan ou à Tokyo. C’est facile de travailler avec toutes les marques qui y prennent part car on s’entend facilement sur la DA et ça va vite. 

En juin, on sera donc au Mob House à Saint Ouen et chaque marques fera une représentation. De plus, je prévois également quelque chose Rue Commines puisque ce sera les un an de la boutique.

Nous vous invitons à vous rendre dans la boutique Marché Noir au 18 Rue Commines 75003 Paris et à retrouver d’Instagram de la marque pour suivre l’actualité !


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