Aujourd’hui nous retrouvons Ilina, cofondatrice de Kouni Bouni. Un projet unique pour une histoire unique autour de la mode et du vintage. Bonne lecture !
Bonjour Ilina ! Kouni Bouni signifie “ma petite chérie” dans la langue que toi et ta mère avez créée. C’est un projet mère-fille autour du vintage. Est ce que tu pourrais me parler de toi, de vous, de votre parcours et de cette passion pour le vintage ?
Oui bien sûr ! Kouni Bouni Vintage est un projet que nous avons lancé depuis un an et demi avec ma mère qui est styliste. Elle était en avance sur son temps car il faut dire, il y a quinze – vingt ans, elle faisait déjà de l’upcycling. Elle n’utilisait que des tissus qu’elle chinait à droite à gauche.
Donc depuis toute petite, tous les weekends, nous allions faire des brocantes ensemble et avant, ce n’était pas la mode comme maintenant. Cela n’intéressait pas autant les gens, ce n’était pas forcément bien vu car on ne pensait pas à l’aspect écologique comme aujourd’hui.
Il faut avouer que quand j’étais petite, je n’assumais pas trop. J’avais presque honte d’acheter mes vêtements en brocante parce que je voulais faire comme tout le monde : aller chez Zara.
Tu avais peut-être peur qu’on trouve ça ringard ?
Oui, qu’on me juge ! Du style “elle a pas d’argent, elle achète ses fringues d’occasion” ou “elle a des habits qui ont déjà été portés, c’est dégueu”…
Les mentalités ont quand même beaucoup évolué par rapport à tout ça. Les gens ont pris conscience que ce n’est pas juste une histoire de faire des bonnes affaires, c’est surtout d’acheter quelque chose qui a déjà été créé, et non du neuf.
De plus, il y avait beaucoup de personnes qui aimaient nos pièces. En même temps, on se disait que ce serait bien de pouvoir faire des brocantes sans se limiter à des pièces uniquement pour nous.
Donc on s’est lancée ! De toute manière quand tu démarres ce genre de business, la friperie, tu n’as pas besoin d’énormément d’investissement en soi. Tu as besoin surtout de marchandises et des réseaux sociaux. Aujourd’hui c’est plus simple d’entreprendre quand tu peux faire du commerce en ligne !
Le vêtement vintage a un truc spécial qu’on ne retrouve pas dans la fast fashion. En quoi est-ce si spécial à vos yeux ?
A mes yeux, la plus grosse différence entre les deux est la qualité. Il n’y a pas photo ! Ce ne sont vraiment pas les mêmes matières et les mêmes détails aussi.
Aujourd’hui, tu achètes un chemisier, la moitié des boutons tombent très vite… Alors qu’une pièce des années soixante-dix, tu peux toujours la porter aujourd’hui. La pièce a été lavée je ne sais combien de fois et est toujours dans un état impeccable. Quand j’achète des vêtements, j’ai envie que ce soit beau et structuré. Alors qu’aujourd’hui, ça perd toute sa valeur.
Pour nous, ce qui est génial, c’est quand on chine des pièces chez des particuliers. Ces personnes peuvent te raconter l’histoire de la pièce. Ce n’est pas le cas tout le temps malheureusement, mais parfois tu réalises vraiment à quel point la pièce a voyagé dans le temps.
On a des personnes qui nous disent “oui c’est une pièce qui appartenait à ma mère, c’est ma grand mère qui l’avait cousu sur mesure pour elle..” et je trouve ça super émouvant. Tu ne trouveras jamais ça avec n’importe quel autre vêtement que tu peux acheter dans le commerce. Donc oui, il y a une valeur beaucoup plus sentimentale dans ce genre de pièces.
Que penses-tu de la mode actuelle, de la fast fashion ?
Moi je n’achète plus du tout en fast fashion depuis quelques années, à cause de la qualité, mais aussi pour l’aspect environnemental. C’est aussi pour ça qu’on a décidé de faire du vintage.
On ne peut plus fermer les yeux sur le fait que la fast fashion est un désastre écologique, et est la deuxième industrie la plus polluante au monde. C’est un cauchemar. On est rentré dans un système de surconsommation qui n’a aucun sens, et heureusement que les gens commencent à en prendre conscience. Mais tous les jours je lis de nouvelles choses à ce sujet. Hier, je lisais qu’au Chili, des déserts sont complètement recouverts tous les jours de tonnes et de tonnes de vêtements de fast fashion invendus. C’est vraiment terrible, et je ne sais pas comment on va sortir de ce système assez vite, parce que ça devient urgent.
Lire notre article sur : La fin de vie des vêtements, notre responsabilité
Heureusement qu’il y a aujourd’hui beaucoup plus d’alternatives, beaucoup plus de marques vintages, et de marques éthiques qui font les choses bien.
Sur votre site, je vois que vous parlez de durabilité. Que représente pour vous cette valeur ? Que ce soit dans la mode ou dans la vie de tous les jours ?
C’est super important ! Avant de démarrer Kouni Bouni, j’avais fait un stage en alternance, pendant deux ans dans une entreprise dans la mode. C’était super cool, j’ai adoré. Mais à chaque fashion week, j’allais voir les showrooms des grandes maisons de mode françaises, de grands noms. Ça a fini par me poser problème de voir de nouvelles collections aussi rapidement, avec un nombre considérable de nouvelles pièces qui sortaient tous les deux mois.
Ce n’est pas par hasard que j’ai bifurqué sur un système plus éthique. La durabilité et l’environnement font partie de ma vie. Si j’ai besoin de quelque chose, j’ai d’abord le réflexe de regarder sur le bon coin, ou si je ne peux pas le trouver ailleurs au lieu de l’acheter neuf.
A mon échelle, j’essaie de faire ce que je peux. Il y a des petites choses qu’il faut que tout le monde fasse mais aujourd’hui, il faut plus d’actions de la part des gouvernements pour inciter les gens à agir progressivement.
Et si tu te retrouvais face à quelqu’un qui trouve que le vintage n’est pas assez chic pas assez beau, ou qu’il n’arrive pas à passer le cap. Qu’est ce que tu aurais à lui dire ?
Déjà, je lui dirai qu’il/elle n’a pas assez cherché ! Il y a plusieurs choses que tu peux faire. Déjà, si une personne a une marque préférée, ou une marque chez laquelle elle a l’habitude de s’habiller, pas de problème ! Dans un premier temps, une recherche sur Vinted permet d’avoir une sélection de pièces actuelles. Cela permet de donner une deuxième vie à une pièce actuelle.
Dans un second temps, il y a la possibilité d’acheter neuf, mais chez une marque éthique et donc qui fait très attention à son impact environnemental. Il y a de plus en plus de marques de ce type qui se développent. Et ça reste donc, actuel et neuf (si la personne n’arrive pas à passer le cap de la seconde main).
Et il y a aussi l’aspect économique. Même si c’est difficile de s’y mettre, si tu vas dans les friperies, les brocantes, Emmaüs, regarde tout l’argent que tu vas économiser ! Ton pull Zara, tu ne l’achètes plus à 40 € mais à 5 €… Et juste tu le laves et il est tout aussi bien que ce que tu as dans ton placard.
Finalement, pour les quelques personnes qui sont encore réfractaires, je pense qu’il y a vraiment des arguments pour les convaincre. Parce qu’aujourd’hui il y a beaucoup plus de moyens de consommer différemment. Sur certains points j’avoue que ce n’est pas toujours facile. Par exemple, pour les chaussures, même moi je ne trouve pas toujours ce que je veux en vintage. Mais progressivement, on trouve des solutions.
Merci beaucoup pour les conseils. J’ai vu aussi que vous restauriez des vêtements. Est ce que c’est un moyen pour vous de montrer au monde qu’on peut chérir un vêtement à l’infini ?
Oui bien sûr ! Nous n’en parlons pas beaucoup mais c’est vrai qu’il y a beaucoup de pièces chinées, dans la frénésie du truc, on tombe sur une pièce trop belle et en arrivant à la maison, on se rend compte qu’elle est trouée à un endroit.
Sauf qu’on a un avantage ! Ma mère étant styliste couturière est très calée là-dessus, elle arrive à récupérer n’importe quelle pièce, la plupart du temps. C’est hyper rare qu’on ne s’en sorte pas ! Ce sont des pièces qu’on va vendre comme nos autres pièces, et nous sommes super contentes et super fières de pouvoir redonner vie aux vêtements.
C’est vrai qu’on n’en parle pas souvent, mais ça peut intéresser des gens de voir tout ce potentiel car il y a toujours de la matière à récupérer et de la matière à retravailler pour que la pièce continue à vivre encore durant des années. C’est génial de voir qu’avec un peu de patience et en testant quelque trucs, une pièce trop belle où tu te disais qu’il était impossible de la récupérer, tu la récupères totalement et des fois, tu peux même redonner un autre look. Il y a par exemple des pièces qui ne sont pas forcément dans un mauvais état mais qui pour le coup sont un peu vieillottes, pas très tendance, là il suffit de changer quelques détails, couper, raccourcir un peu, rajouter des boutons un peu plus modernes et au final ça change tout le look !
Kouni Bouni est un shop vintage en ligne seulement pour les femmes, c’est bien ça ?
Oui pour l’instant, c’est seulement pour les femmes. Mais je ne sais pas, on va peut être commencer à proposer des pièces hommes car il y a plein de personnes qui nous font la demande. Apparemment c’est pas évident quand on est un mec aujourd’hui de trouver de belles pièces vintages pour homme.
Pour l’instant nous ne proposons que des pièces pour femmes car nous sommes deux femmes et c’est beaucoup plus facile. C’est super difficile de chiner des pièces dans lesquelles tu n’arrives pas à te projeter donc pour le moment nous ne nous lançons pas. Mais pourquoi pas, par la suite, proposer une capsule pour hommes et voir ce que ça donne et s’il y a du potentiel, on pourra se lancer, mais pour l’instant ce n’est pas évident.
On peut trouver un peu de tout pour les femmes. Est ce qu’il y a des marques en particulier, ou vous fonctionnez plutôt au coup de coeur ?
C’est franchement au coup de cœur, et pour certaines pièces, nous savons que nos clientes vont les adorer. Par exemple, les ceintures ! Nous sommes devenues hyper calées sur les ceintures. On trouve toujours des ceintures très quali, originales, et c’est un peu notre best seller en ce moment.
Après, il n’y a pas de marques qu’on chine plus que d’autre parce que, l’air de rien, il est difficile de trouver de belles marques quand tu chines aujourd’hui. On prend ce qu’on trouve, et si on tombe sur une belle marque, on la prend. Mais l’idée c’est de proposer un peu de tout, comme quand tu vas dans une boutique et que tu veux t’habiller.
Sur le site on propose un peu de tout, de toutes les tailles et de toute manière, comme je l’expliquais au début, quand on chine on tombe sur des pièces coup de cœur qui ne nous vont pas forcément mais ça ira à quelqu’un d’autre. Là au moins, on achète tout ce qui nous plait et que ce soit une veste, un sac, un pantalon, on le prend, on ne se limite pas. Et pour nos clientes, ça reste assez large, et dès qu’elles veulent quelque chose, elles peuvent le trouver ou trouver une alternative.
Kouni Bouni, c’est une sélection que vous faites à deux. Est-ce que vous avez des années qui vous inspirent particulièrement, ou ça peut être de n’importe quelle période ?
La plupart de nos pièces sont des années 70-80. Mais sinon, on cible pas forcément ces années-là, mais plutôt parce qu’on a souvent des coups de cœur pour des pièces de cette période-là, le style correspond à ce qu’on recherche, ce qu’on aime. Ça nous arrive d’avoir des pièces des années plus récente 90-2000 mais c’est plus rare.
On vous retrouve sur Instagram et vous avez votre site internet c’est bien ça ? J’ai vu que vous faisiez des drops en story. Est ce que ce sont les mêmes pièces qu’on retrouve sur le site internet ?
La plupart du temps non. C’est assez récent qu’on réalise des drops en vidéo comme ceux en story. Ça marche assez bien et c’est sympa aussi d’avoir ce format là. Donc la plupart des pièces du site ne sont pas montrées en vidéo.
Les pièces en story sont chinées assez récemment et si ça correspond à la saison, on les poste rapidement. Et des fois, il y a des pièces qui méritent qu’on les garde un peu plus longtemps, qu’on fasse de belles photos avec et ça demande plus de travail en amont. Et des fois, il y a des pièces que j’ai juste envie de montrer tout de suite parce qu’elle va vraiment plaire, que c’est la pièce du moment.
Le drop en ligne est un nouveau format, plus ludique, qui me permet d’échanger avec notre communauté et c’est cool. Ça a un côté un peu plus personnel.
Est ce qu’il y a un jour particulier pour ces drops en story ?
Ça dépend. J’essaie de faire un truc un peu plus régulier mais ce n’est pas toujours facile. Je fais parfois des drops surprises. Je ne peux pas te dire un jour en particulier parce que ce ne serait pas vrai. On est très spontanée dans notre manière de travailler !
Un mot pour la fin ?
Merci pour cet interview et j’espère qu’à travers des médias comme vous, on va pouvoir éveiller les mentalités, et faire prendre conscience aux gens qu’il y a un milliard d’alternatives pour pouvoir avoir un meilleur impact sur la planète et s’habiller avec du style. Et c’est ce qu’on essaie de montrer tous les jours dans ce qu’on propose. Ce n’est que le début pour plein de choses.
Pour le moment, on fait du vintage, mais on a d’autres projets à long terme. C’est un truc qui met du temps à se mettre en place. Mais notre gros projet pour les années à venir, c’est de faire nos propres vêtements, comme les vêtements que faisait ma mère dont je t’ai parlé tout à l’heure.
Proposer des pièces à partir de matière qu’on chine également, ou complètement en récup parce que là, ce sera 100% notre style et ce serait que des pièces uniques que tu ne peux pas retrouver ailleurs, et ca a un aspect un peu plus couture.
Il y a plein de choses à faire aujourd’hui et je suis très contente de voir que les choses bougent, des marques qui entreprennent des choses hyper cool, en accessoires, et c’est un truc qui est irrémédiable. Il faut continuer et petit à petit j’espère que les gens vont réaliser que aller vers la fast fashion c’est cool, mais il y a très cool ailleurs.
Comme chez Kouni Bouni !
Merci à Ilina de nous avoir fait part de sa vision de la mode actuelle, de ses conseils pour mieux consommer et bien sûr, du fabuleux projet qu’elle construit avec sa mère. Retrouvez leur site dès maintenant !
Online Casino
It’s an remarkable poat designed for all the online viewers; they will take advantage
from it I am sure.
Lucas
Thank You !