Patience, Not A Game arrive
AccessoireMarques éthiquesModeMode responsableNos InterviewsTextile

Engagés Engagées, de la mode éthique fabriquée en France

bannière Engagés Engagées

Pour vos vêtements, vous utilisez notamment du Seacell. Peux-tu nous en dire deux mots ?

Tout à fait ! Dès la première capsule, j’ai décidé de partir sur un matériau innovant que très peu de personnes connaissent. C’est une manière d’être un peu avant-gardiste tout en proposant des matières écoresponsables.

On retrouve donc du coton biologique et du Seacell, autrement dit de la cellulose d’algues que j’ai découverte lors d’un salon textile parisien. C’est une matière développée par mon fournisseur en Espagne. On récupère les algues les plus polluantes dans la zone nord atlantique, elles sont ensuite broyées et re-fibrées avec de la cellulose de bois, également labellisée durablement. Mêlée à cette nouvelle fibre, on y ajoute du coton biologique.

Au même titre que dans la cosmétique, il y aussi des effets bénéfiques à l’utilisation d’algues. Elles ont des bienfaits sur notre peau et sur notre santé. On retrouve notamment des effets thermorégulateurs ou encore hydratants

Dans sa conception, il y a aussi un aspect éco responsable puisqu’elle se déroule en boucle fermée. Il n’y a pas non plus de rejets de produits toxiques dans l’environnement et l’eau est réutilisée jusqu’à épuisement.

Par son utilisation, on réduit le taux de coton dans le vêtement tout en gardant la même durabilité. On baisse ainsi l’impact environnemental par une utilisation d’eau moindre comparée à la culture du coton. 

Je tiens à dire qu’on a eu pleins de bons retours à ce propos. C’est un tissu qui reste notamment intact même à 70°C en machine, bien qu’écologiquement je ne le conseille pas. En d’autres termes, on peut complètement sur la durabilité de cette matière pour des pièces du quotidien telles que les t-shirts et les pantalons. 

La marque se développe autour de l’éco-responsabilité et vos valeurs se retranscrivent également à travers les labels de vos fournisseurs. On peut notamment citer GOTS pour le textile biologique, OCS pour la “logistique » autour de ces textiles ou encore le label GRS concernant l’utilisation de tissus recyclés. Pouvoir vérifier votre impact écologique par ce biais là est essentiel à vos yeux ?

Absolument! Pendant cette année de sourcing, je me suis rapprochée de fournisseurs avec un maximum de labels et de certifications pour avoir une certaine garantie et une transparence sur les matières et le processus de fabrication.

Aujourd’hui, pour faire de la mode, il faudrait que tout le monde se mette à la faire de manière éthique. Il est maintenant possible d’avoir accès à ce genre de matières et il est donc primordial de faire cet effort là.

En termes de transparence, vous faites le choix d’un système de pré-commande. Pour les plus novices d’entre nous, pourrais-tu nous dire ce qui a motivé ce choix ?

Effectivement, tous nos fournisseurs fonctionnent à la demande, aucun stock ne dort dans les entrepôts en question. Je ne trouvais pas logique de surproduire, de créer pour rien finalement.

Toutes les créations upcycling au sein d’Engagés Engagées auront une histoire à raconter.

Julie Genevois, Engagés Engagées

Actuellement, je me dirige vers du coton bio et recyclé, tricoté et teint en France. Cela concerne donc les prochaines pièces et j’ai ainsi pu me rapprocher de fournisseurs français. C’est une étape logique : mon marché est français, ma clientèle est française et naturellement j’essaie de localiser la conception en France

D’un point de vue écoresponsable, vous avez ajouté de nouvelles pierres à votre édifice et ce, dès juillet dernier avec l’utilisation de l’upcycling. Tout d’abord en lançant une banane en édition limitée et quelques semaines plus tard, avec des chemises en pièce unique. Peux-tu nous parler du processus, à la fois créatif et durable, de ces créations ?

Oui ! Déjà, je tiens à dire que cette nouvelle étape représente le futur de la marque. On va alterner entre des pièces intemporelles et durables, et d’un autre côté, des pièces uniques grâce à l’upcycling. C’est à mes yeux LA méthode la plus durable actuellement.

J’ai donc commencé avec la banane Jeanne qui tient son nom de mon arrière-grand-mère. C’est chez elle que j’ai récupéré des draps en lin de plus de cinquante ans, restés pratiquement intacts. En récupérant la matière, je la nettoie et elle reprend vie à travers un accessoire intemporel. Par ce travail d’upcycling, on prend conscience de la valeur de la matière. Voilà ainsi quelque chose d’à la fois utile et créatif.

Les noms choisis pour ces pièces relatent aussi leur histoire. On se souvient du parcours de la matière : ce drap en lin a cinquante ans mais grâce à cette banane, le tissu poursuivra sa vie peut-être encore trente ans !

Et pour compléter la conception de cette banane, la sangle a quant à elle été développée dans le nord de la France. Elle est conçue à partir de polyester recyclé et reprend le lilas, couleur emblématique de la marque. C’est un vrai test, on a fait très peu de quantités mais sans savoir si ça partirait et finalement, tout est parti ! Je suis super contente !

Pour les chemises, je me suis inspiré de celles que portait mon grand-père Michel, d’où le nom choisi. C’est un homme qui travaillait toujours en chemise malgré son métier très physique, il avait de la classe. J’en ai retrouvé quelques-unes dans son placard qui dormaient depuis un petit moment car il nous a quitté quelques années auparavant. C’est donc avec ces chemises de très bonnes qualités et en très bon état, car il avait également tendance à acheter beaucoup, que j’ai imaginé un modèle très féminin. J’ai pris à contrepied ces pièces très masculines, très larges et je leur ai donné un côté davantage élégant et moderne.

Toutes les créations upcycling au sein d’Engagés Engagées auront une histoire à raconter.

Engagés Engagées œuvre durablement et éthiquement. De ce côté-là, tu as également à cœur de prôner l’entrepreneuriat féminin, n’est-ce pas ?

C’est vrai qu’à l’heure actuelle, la majorité des entrepreneurs sont des hommes mais on est tout de même de plus en plus de femmes à se lancer seules. Personnellement, c’était également un bon moyen de me redonner confiance. Lorsque j’ai perdu mon emploi, j’étais plutôt paniquée à vrai dire. Pour être franche, créer sa propre société peut faire peur. Le monde de la mode est majoritairement dicté par des hommes et j’ai donc pris ça comme un vrai challenge !

En voyant ce qu’il se passe dans le monde, pour les femmes, je me dis que c’est une belle revanche. Je viens d’une famille d’entrepreneurs pour sûr, mais aussi très masculine. On suit un schéma davantage dicté par : l’homme dirige la famille, l’homme ramène l’argent à la maison… Je voulais aussi montrer aux femmes de ma famille qu’effectivement, une femme peut être autonome.

Merci pour ce message tout aussi important ! L’actualité de la marque est plutôt abondante. Souhaites-tu qu’on aborde un sujet que nous n’avons pas ou peu évoqué jusqu’à présent ?

Oui totalement ! On peut parler davantage du choix de faire du Made in France

Depuis le départ, je sous-traite la confection au sein d’un atelier situé près de Lyon. Fondé depuis près de 15 ans par une femme, elles sont aujourd’hui 16 à y travailler. C’était hyper important à mes yeux de prôner cette fabrication française

Certes, c’est un coût mais il faut davantage prendre conscience que la confection prend une part importante dans le prix. Du point de vue de la proximité, je ne suis qu’à une heure et quart en train. C’est un atout ! Cela me permet d’être proche de la confection et d’en apprendre davantage sur le jargon de la mode. Bien sûr, je peux aussi être aiguillé au quotidien par la cheffe d’atelier !

Je tiens à préciser que ce choix ne changera pas une fois que j’estimerai en savoir assez sur le processus. Je ne suis pas portée par l’envie de baisser mes coûts ou autres. En misant sur mon atelier partenaire, je sais que les personnes qui y travaillent sont heureuses, qu’elles aiment ce qu’elles font et qu’elles sont payées à leur juste valeur.