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Montlimart, une marque de mode masculine écoresponsable à la fabrication proche

Bannière interview Montlimart

Découvre l’interview de Juliette Biotteau, co-fondatrice de Montlimart ! Officiellement entreprise à mission B Certifiée depuis peu, la marque s’engage par l’utilisation de matières responsables, avec une fabrication en partie made in France et même le parrainage d’abeilles ! Bonne découverte !

Interview de Juliette Biotteau, co-fondatrice de Montlimart

Bonjour Juliette ! Pour revenir un peu en arrière, vous créez Montlimart en 2017 mais j’aurais aimé aborder avec vous ce qui vous a motivé à créer votre propre marque de vêtements.

Bien sûr ! Ma grande-sœur Charlotte et moi-même avons décidé de démarrer cette aventure en 2017 car nous avons cette chance de faire partie d’une famille d’entrepreneurs. Notre arrière-grand-père a fondé la marque Eram quant à nos parents, ils ont fondé la marque Gemo. 

Nous avons toujours eu cette idée de nous lancer et avec toutes les questions qu’on doit se poser actuellement. On a directement pensé à une démarche vertueuse et écoresponsable même si ce n’était pas des termes très utilisés à cette époque.

Vous avez choisi de créer une marque de prêt-à-porter chez l’homme, pourriez-vous me parler de ce choix ?

Nous avons tout simplement trouvé qu’il y avait moins de choix chez l’homme à cette période. Les belles fabrications de qualité étaient souvent très formelles. Dès qu’on retrouvait un peu de fantaisie, on pariait sur le coup de cœur du client et ce, peu importe la provenance. 

C’est comme cela que nous nous sommes décidés à lancer une marque pour hommes au style casual-chic car c’est ce qui nous plaisait et que c’était dans l’ère du temps.

Et en matière de fabrication vous vous êtes donc fixé une règle stricte, c’est bien ça ?

Exactement ! On s’est fixé une limite géographique de 2000km. C’était annoncé à nos clients dès le départ et on en est plutôt fiers !

C’est un beau pari, félicitations ! Le nom que vous avez choisi fait forcément référence à votre ville d’origine. Est-ce un moyen de mettre à l’honneur vos racines ?

Tout à fait ! Saint Pierre Montlimart est notre village d’enfance, nous y avons grandi et on y est attaché depuis plusieurs générations. Nous avons également une certaine attache à notre région, au savoir-faire Français. Ça nous a été ultra naturel de choisir ce nom de marque.

D’ailleurs vous prônez une fabrication française a près de 80% sur votre site n’est-ce pas ?

C’est tout à fait ça ! Disons que nous avons avancé petit à petit. Au démarrage, il ne nous était pas facile de trouver les bons partenaires et ce, sur tous les types de produits. 

Le Made in France a toujours été une envie mais sans pour autant être le plus important. A nos yeux, la distance comptait davantage. Pour information à nos débuts, nous devions avoir environ 10% de faits en France. De saisons en saisons, on s’est lancé le challenge de nous améliorer. 

On a commencé par des bonnets puis des pulls, un t-shirt ou encore nos boots plus récemment ! Maintenant, nous admettons que c’est au cœur de notre réflexion : pour nos nouveaux produits, nous regardons s’il nous est possible de le faire en France. Ensuite on regarde combien ça peut nous couter et combien ça coutera au client.

Est-ce une priorité d’arriver aux 100% Made in France ?

Tout est une question d’équilibre. Nous travaillons notamment avec un super partenaire au Portugal qui réalise un travail de très bonne qualité, avec de belles matières, et ça nous convient parfaitement. 

Quand on regarde notre clientèle, certains ne jurent que par la fabrication française et nous saurons donc répondre à cette demande. D’autres vont privilégier l’impact carbone et au regard de notre fabrication portugaise, avec des matières provenant elles-mêmes du Portugal, on peut aussi leur faire plaisir !

En parlant de matières, on peut lire sur votre site que vous privilégiez l’utilisation de matières naturelles. Pourquoi ce choix ?

Un an après notre lancement, on a décidé de contacter nos quinze meilleurs clients et on les a questionnés sur leur consommation. Cette discussion nous a permis de comprendre leurs habitudes d’achats, pourquoi ils étaient venus chez nous, etc…

La plupart sont venus pour notre fabrication proche mais dans leur vie quotidienne, ils nous ont avoué faire attention à leur alimentation, à la cosmétique qu’ils utilisaient et donc, on s’est rendu compte qu’on pouvait aller plus loin !

En 2018, il existait encore peu de marques écoresponsables et ça nous a paru important de rester sur une qualité de tissus à la hauteur. Par chance, les fabricants ont peu à peu pris ce pli également et cela nous permet d’avoir au minimum des tissus certifiés oeko-tex. De ce fait, on retrouve souvent du lin, du chanvre, des tissus biologiques ou recyclés.

C’est devenu totalement naturel maintenant ! J’aurai aimé aborder avec vous le sujet des abeilles parrainées. Pouvez-vous m’expliquer ce concept ?

C’est encore une fois grâce à nos clients ! 

Pour recontextualiser, il faut savoir qu’à l’époque on entretenait un partenariat avec une association qui lutte contre la désertification des villages. En discutant avec nos clients, on s’est rendu compte que ce n’était pas une cause qui les touchait particulièrement. Il nous fallait donc une cause concrète que nous pouvions présenter à notre communauté. 

Nous avons alors rencontré un apiculteur avec lequel nous collaborons. Pour faire simple, au bout de 500 commandes, nous lui finançons une nouvelle ruche. Pour boucler la boucle, le client reçoit un pot de miel et se retrouve clairement dans la cause annoncée au départ. C’est un insecte indispensable à la biodiversité, à notre survie et ça touche le consommateur.

Totalement ! Vous me parliez d’opacité chez certaines marques, la transparence fait partie de vos valeurs. Pourquoi ce choix ?

C’est encore une fois en réponse aux demandes de nos clients. 

Ils avaient besoin de savoir ce qu’il se passait et on ne savait tout simplement pas au départ que ça pouvait les intéresser. Nous n’avions rien à cacher et de cette façon, ça permet aux clients de faire les bons choix. 

Par exemple, si un client achète un pull en coton biologique fabriqué en France, il sait que sa provenance est un peu plus lointaine car le coton ne pousse pas par chez nous. En revanche, il sait que le tissu est tricoté localement, qu’il est certifié. Disons qu’on le laisse maître de ses décisions ! Nous avons des clients très avertis qui connaissent vraiment la mode.

En parlant de transparence, vous avez également été nommé « Entreprise à Missions ». Comment se déroule cette nomination ?

C’est une possibilité qui existe en France depuis peu de temps et qui se matérialise concrètement par un changement de statut juridique. 

De ce fait, on désigne une mission dans laquelle on souhaite s’investir. On est alors surveillé et on se doit de rendre des comptes sur ce sujet. Sans le savoir, on était dès le départ une entreprise à missions. Disons que nous avons officialisé ce statut et c’est finalement un garde-fou pour rester en tout temps en phase avec nos objectifs. 

Avec Montlimart, nous souhaitons limiter l’impact de la mode sur la biodiversité.

Comment se passe le contrôle de ce statut ?

Pour faire simple, nous devons faire des rapports de missions. De plus, ça nous aide à faire embarquer avec nous nos recrues ! Aujourd’hui, nous sommes sept et chacun d’entre nous a ainsi le pouvoir de se poser la question: « Est ce que l’action menée est bien en phase avec la mission que nous nous sommes fixées ? ».

Dans la même lignée, vous avez récemment reçu votre certification B Corp. Je suppose que cela a demandé un travail de longue haleine, comment cela se passe-t-il concrètement ?

Effectivement c’est tout frais ! 

On a attendu un long moment avant de se sentir prêt à monter ce dossier. C’est un certificat qui vérifie ainsi toutes nos actions sociales et environnementales. C’est ultra complet mais c’est aussi ultra long à mettre en place. A ce titre, nous ne pouvons rien affirmer et il faut prouver chacun de nos dires. 

Pour vous montrer à quel point ce process a été long, il faut se dire qu’on vient d’être certifié depuis juin 2023 alors que notre dossier a démarré en juillet 2022. Il y a de nombreuses phases d’aller-retour, cela se termine avec une interview pour vérifier quelques points et, je suppose, juger de la sincérité de la démarche.

Félicitations pour ce travail ! D’autant plus que c’est une démarche qui va devoir être répété à l’avenir si vous souhaitez rester certifié n’est-ce pas ?

Tout à fait ! C’est une démarche qui favorise l’amélioration continue ! D’ici trois ans, nous devrons nous certifier à nouveau et… nous améliorer ! Nous avons eu une superbe note mais il faudra faire mieux !

Je vous souhaite d’y arriver ! Reparlons quelque peu du style, vous avez porté votre choix sur le prêt à porter masculin, est ce qu’il y a une volonté de faire de la ‘femme’ à l’avenir ?

Maintenant, il y a de plus en plus d’acteurs dans la mode masculine mais on trouvait qu’à l’époque ce segment était loin d’être le plus fourni. Pour nous, il y avait quelque chose à faire et un besoin se faisait sentir. 

Nous souhaitons nous concentrer sur l’homme mais on développe une première capsule pour la femme prévue pour la période de Noël. C’était amusant car c’est finalement une demande que nous avions régulièrement.

Si on parle du style Montlimart, comment définissez le vestiaire que vous souhaitez développer ?

Ce qui nous définit bien ce sont les termes : Classic with a twist. Nous développons des produits intemporels, sans être à la pointe de la tendance mais tout étant dans l’air du temps. 

C’est un bonheur de proposer des pièces qui sortent de l’ordinaire, tout en représentant parfaitement Montlimart.

A l’approche des fêtes, sentez-vous que Montlimart a une carte particulière à jouer ?

Il est vrai que c’est une période charnière pour notre activité ! Je pense que ça a de plus en plus de sens d’offrir un cadeau éthique. Il y a eu un avant et un après les périodes de confinements tandis que les savoir-faire locaux intéressent de plus en plus le consommateur. En plus d’offrir un cadeau, les gens aiment offrir une histoire.

C’est joliment dit ! Où peut-on trouver du Montlimart à travers la France ?

On distribue principalement sur notre site web, mais on est également revendu dans une sélection de boutiques et de concept store made in france et écoresponsable. A titre d’exemple, nous avons un corner chez Bocage, boulevard Haussman, où on peut retrouver bon nombre de nos collections.

Parfait ! Merci Juliette pour cet échange. Nous vous invitons à découvrir la marque Montlimart sur leur site web et n’hésites pas à suivre le projet sur les réseaux sociaux.


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