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Festival de Hyères : Mettre en Avant la Durabilité, la Recherche Textile et la Maîtrise Manuelle

Bannière Festival de Hyères

Le Festival de Hyères, terminé le dimanche 15 octobre, a célébré le talent de jeunes créateurs de mode venus du monde entier.

Cette année, le Belge Igor Dieryck et la Suédoise Petra Fagerstrom ont été les grands lauréats. Les deux, remportant chacun cinq prix prestigieux pour leurs collections de mode « concept ». Des collections qui séduisent ainsi par leur histoire et leur attrait commercial. Cependant, au-delà de ces créations conceptuelles, d’autres finalistes ont marqué cette édition du Festival de Hyères. Ils ont mis en avant une approche plus éco-durable de la mode. Ils ont prouvé leur engagement envers la durabilité, la recherche textile et la maîtrise manuelle. Jetons un coup d’oeil à ces designers méritant également une reconnaissance.

L’exemple d’Alec Bizby

Originaire de Brecon, au Pays de Galles, Alec Bizby, âgé de 35 ans, s’est distingué par sa personnalité volcanique. Il est reconnu aussi bien dans sa manière de parler à toute allure que par son incroyable inventivité. Sa collection joyeuse et poétique, réalisée en hommage à son père décédé, fermier et mineur de charbon, fourmille de trouvailles. D’un pull-over torsadé, réalisé à partir de vermicelles de jersey aux allures de pelotes de laine, à un autre tricoté à partir du rebut de surfil, en passant par un top composé de vieilles pipes en argile victoriennes récoltées dans la boue de la Tamise, ou encore d’un pantalon taillé dans un airbag, qu’il a ensuite peint à coups de pinceaux abstraits.

Sans oublier un incroyable ensemble en mohair (pull et short) décoré de longs fils de laine, inspiré des rapiéçages d’uniformes de travail et du sashiko, une technique de broderie à la main japonaise utilisée pour réparer des vêtements usés. Pour réaliser cette pièce dans le cadre du prix L’Atelier des Matières, Alec Bizby a intégralement déconstruit le tissu et retravaillé les fils sous forme de longues franges. Une fois noués, les fils sont retricotés à la machine pour venir souligner une encolure.

Le cas de Fengyuan Dai

De l’autre côté, Fengyuan Dai, originaire de Hunan en Chine, a brillé à travers sa collection baptisée « Equilibre ». Il parvient à raconter avec subtilité son cheminement personnel entre l’enfance et la jeunesse en Chine et la découverte de la France, où il s’est installé il y a treize ans, à l’âge de 24 ans, pour effectuer ses études, d’abord en arts plastiques à l’université d’Aix-Marseille, puis à l’atelier Chardon Savard à Nantes.

D’un côté, des rayures, des carreaux, des rubans et des sangles forment comme un cadre, structurant les vêtements et parfois enserrant le corps, rappelant « les rapports sociaux très hiérarchisés, codifiés, et les croyances très prégnantes au quotidien » de son pays natal. De l’autre, une palette recherchée de teintes douces et pastel, ainsi que des silhouettes décomposées, modelées à partir de superpositions, avec des vestes, dont il ne garde que la structure, des manteaux transformés en jupe, etc. pour raconter sa vie recomposée entre différentes sensations et cultures.

La créatrice Sud Coréenne Jung Eun Lee

La créatrice sud-coréenne Jung Eun Lee, âgée de 34 ans, au sourire éclatant et se faisant appeler JL, a également marqué le festival. Son parcours est tout aussi passionnant. Elle a dû littéralement s’échapper de son pays et de sa famille, qui la destinait à une vie d’épouse modèle auprès d’un avocat ou d’un médecin. Avec les économies réunies en travaillant à toutes sortes de petits jobs, la jeune femme, qui a effectué une école de textile à Séoul, s’est envolée pour l’Allemagne, où elle a repéré une école de mode publique peu coûteuse. En novembre 2013, elle a débarqué à Berlin, où elle a fréquenté la Kunsthochschule Berlin-Weissensee.

Jung Eun Lee - Festival de Hyères

À Hyères, elle a présenté une collection particulièrement intéressante, restituant les plumages, fourrures et autres peaux animales à travers un minutieux et impressionnant travail textile. Elle parvient notamment à simuler à la perfection des plumes avec des tissus effilés ou les écailles d’un reptile. Dans une chemise blanche, de très fins plissés, courbés et repeints, ressemblent à s’y méprendre aux striures d’un plumage. Elle expérimente et innove en utilisant les invendus et les chutes de tissu provenant de la fabrication de patrons pour créer des ornements. Elle réinterprète aussi des techniques anciennes, comme l’incrustation, la broderie, les smocks et le quilling.

Dans cette collection à 100% écologique, Jung Eun Lee fait appel également à de nouvelles matières. On retrouve des cuirs de cactus, du tissu gélifié issu de déchets de fruits et de la soie d’écorce d’orange. Par ailleurs même des paillettes en plastique recyclé sont utilisées. Depuis qu’elle a fait un stage aux Métiers d’art de Chanel, elle rêve de venir s’installer à Paris. Un moyen d’être en contact avec les savoir-faire et les maisons de couture qu’elle apprécie. « J’aime expérimenter sur les matières, mais aussi parvenir à créer de l’harmonie entre coupe, forme et textile », confie-t-elle.

Une prise de conscience sur les podiums

L’approche éco-durable de ces finalistes, telle qu’illustrée par Alec Bizby, Fengyuan Dai et Jung Eun Lee, a démontré que la mode peut être non seulement esthétiquement attrayante, mais aussi respectueuse de l’environnement. Ils ont pris en compte la provenance des matériaux, l’impact environnemental de la production et la longévité des vêtements. Cette démarche répond à la demande croissante des consommateurs en faveur de la mode éthique et durable.

La victoire d’Igor Dieryck et Petra Fagerstrom ne doit pas occulter les efforts louables des autres finalistes. Ils ont tous contribué à faire du Festival de Hyères un événement incontournable de la scène de la mode internationale.

En mettant en avant la durabilité, la recherche textile, la maîtrise manuelle et leur propre cheminement culturel, ces créateurs ont montré que la mode peut être à la fois créative et respectueuse de la planète, ouvrant ainsi la voie à une industrie de la mode plus consciente de son impact sur l’environnement.

Le Festival de Hyères 2023 restera dans les mémoires comme une célébration de la diversité de la mode contemporaine… Et de son potentiel à devenir plus durable ! Pour en savoir plus, c’est ici.

source : Festival de Hyères


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