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Le Cabinet Créatif, une marque autour des voyages et de la diversité culturelle

Interview Le Cabinet Créatif

Découvrez le Cabinet Créatif ! Antoine Chevron vous fait découvrir son univers inspirant à la fois forgé par ses voyages et sa curiosité pour les cultures du monde. Bonne lecture !

Interview de Antoine Chevron, créateur du Cabinet Créatif

Bonjour Antoine, tu es le fondateur du Cabinet Créatif, plus qu’une marque, tu décris ce projet comme une retranscription de tes voyages. Avant de nous en dire davantage, pourrais tu nous parler un peu de toi ?

Pour résumer rapidement ces dernières années de ma vie, il faut savoir que j’ai beaucoup voyagé. J’ai fait une partie de mes études au Canada mais j’ai aussi vécu en Belgique et parcouru l’Asie. Au fil de mes destinations, j’ai rencontré de très bons amis, et notamment un certain nombre de marocains, cela a sûrement joué dans mon choix de venir ici, au Maroc.

Antoine Chevron - Le Cabinet Créatif

A l’aube du confinement en France, j’ai décidé de me retirer dans un petit village de pêcheur sur la côte ouest marocaine. Il était temps pour moi de faire la synthèse de ce périple et de me retrouver véritablement, vient ainsi la naissance du Cabinet Créatif.

Le Cabinet Créatif te permet d’exprimer ta créativité de diverses manières et ce projet semble être un véritable challenge à tes yeux. Comment cela se passe-t-il ?

Le Cabinet Créatif a vocation à être un espace d’essais et le projet continuera d’évoluer en ce sens. Je pense que c’est le bon moment de se poser ces questions importantes.

Félicitations pour ce développement et hâte de voir ce que cela donnera à l’avenir ! A ce titre, comment challenges tu ta créativité ?

En étant installé au Maroc, j’ai le réel souhait de penser des pièces pour le marché local. Mon mantra a toujours été de faire les choses de la meilleure qualité possible et je vais m’appliquer à proposer des pièces en phase avec cela. 

Dans cette continuité, je m’inspire des cultures et de l’artisanat du monde, tout en y apportant une certaine rigueur « à la française », par mon parcours et mon passage à la Chambre Syndicale de la Haute Couture.

Comment arrives-tu à concilier cette rigueur que tu t’imposes et l’artisanat que tu prônes ?

Forcément, en travaillant avec des artisans, j’ai de gros problèmes de répétitions des pièces. J’ai tout naturellement opté pour des séries limitées et numérotées. A l’avenir, j’ai envie de pouvoir proposer de nouvelles créations plus régulièrement. 

Vivant à Marrakech, j’ai pris conscience que les vestes que je propose ne conviennent pas forcément ici. De cette manière, je me suis mis à travailler des chemises aux tissages locaux et faits-main. Celles-ci seront tissée dans les montagnes, au coeur du village de Ouassane. Ils y ont développé un vrai savoir-faire et réalisent notamment les pardessus de djellabas ou de caftans. 

Ici, j’ai la chance découvrir au quotidien ces pièces traditionnelles aux motifs divers et variés. A ce titre, je partirai sur du polycoton,  une laine de mouton très fine ou encore sur du sabra.

Une actualité très chargée ! J’aurai aimé revenir avec toi sur ton arrivée au Maroc. Tu arrives, quelque peu précipitamment, au moment du confinement et tu y sembles maintenant être bien ancré. Comment définirais tu ton rapport à ce pays ?

Pour répondre tout à fait honnêtement, j’ai envie de te dire que c’est entre l’amour et la haine. C’est un pays plein de contrastes, où la modernité cohabite avec la tradition. 

Je peux aussi bien être ravi par ma vie sur place, l’environnement et la bonne humeur de la population… et être frustré du jour au lendemain par les délais de livraisons, de fabrications…

Partout où je suis passé, m’intégrer à la vie locale a été une priorité.  Voyager en tant que simple touriste ne m’intéresse pas. A mes yeux, c’est de l’apprentissage et ici la plus grande barrière a été la langue… donc je m’y suis mis et ça porte ses fruits ! 

Par ailleurs, je pense que le Maroc, au même titre que d’autres pays du continent africain, offre des tonnes d’opportunités. Les choses sont beaucoup moins normées et les activités peuvent être démultipliées. A côté de ma marque, je peux aussi bien être guide moto ou faire un peu d’immobilier. J’aime cet esprit multi-casquette qui est très développé ici. C’est une vision qui semble bien plus difficile à concevoir en France.

Au Maroc, tu a su développer et te rallier à un éco-systeme mode en phase avec tes valeurs. Comment as tu relevé ce défi ?

C’est clair que maintenant, je sais vers qui me tourner pour trouver toutes mes fournitures, mes tissus, pour lancer un nouveau produit. J’ai aussi tout un réseau de couturiers pour pouvoir monter ma pièce en très peu de temps et à des prix très intéressants.

Cependant, j’ai à coeur de payer correctement mes prestataires et d’être dans une dynamique équitable. Il faut savoir que la question du prix reste une problématique ici, et ce, dû aux lourdes taxes qui s’appliquent au commerce issu de l’artisanat et à l’export de produit manufacturé localement.

Ton projet, par ton engagement et les valeurs que tu défends, peut plaire à une clientèle européenne soucieuse de l’environnement, des conditions de travail, etc… Comment vois tu ce développement ?

Il est clair que la clientèle souhaite de plus en plus acheter des produits équitables, écolos,… mais il faut avouer qu’au démarrage, pour un jeune créateur, ce n’est pas si simple. 

Sans avoir le pouvoir de grands acteurs, il est difficile de s’y retrouver pleinement. En développant parallèlement mon marché local, j’évite aussi ces problématiques de douanes,…

Tu as déjà évoqué succinctement ce que deviendra Le Cabinet Créatif à l’avenir mais j’aurai aimé revenir sur la vision que tu as du projet à court et moyen termes.

J’avais à coeur de créer un lieu unique, un véritable espace libre de créations, inspiré du cabinet de curiosité. En créant des objets qui sortent de l’ordinaire, il m’était important de les rassembler au coeur d’un projet singulier. 

J’aime m’inspirer des voyages et donc, des diversités culturelles. Je garde dans un coin de ma tête l’idée de rééditer ce que je peux faire ici, au Maroc, dans un autre lieu, un autre pays. Ce serait formidable de pouvoir travailler des imprimés ou de la soie en Inde, et mettre aussi à l’honneur les savoirs-faire qu’on peut retrouver en Italie ou en France ! 

A ce titre, je réfléchis d’ailleurs à sortir un produit qui fait le lien entre le Maroc et la France. Dans cette logique je travaille sur une pièce mixant le denim et les tapis Kilim. Je trouve l’idée intéressante de faire cohabiter un tissage local du maroc et du denim que je pourrais allé chercher à Nîmes.

On sent que la diversité culturelle t’anime particulièrement. Peux tu nous en parler ?

Le Cabinet Créatif, par le vêtement et plus généralement par la mode, me permet de relier les continents, les pays, les cultures…

A mes yeux, c’est super important de raconter une histoire. Avoir un fil conducteur, quelque chose de cohérent, ça m’importe beaucoup !  Je m’obstine a penser intelligemment les choses et transmettre les savoirs-faire qui m’entourent.

Dans cette logique, tu n’aimes pas forcément suivre des tendances, surfer sur des modes…

Tout à fait ! Ça ne m’intéresse pas de faire des choses comme tout le monde ! Dernièrement on m’a invité à utiliser la hype Barbie comme je propose une veste rose mais ce n’est pas moi !

Pourrais tu nous parler de ton processus créatif ? A t’entendre, il semblerait que tu attaches beaucoup d’importance aux sens.

Tu as raison ! Dans la même lignée que les vestes sorties, je me suis plus récemment intéressé aux broderies d’inspirations berbères. Il faut savoir que celles-ci ont toutes des significations différentes. Certaines peuvent te protéger du mauvais œil alors que d’autres racontent les aléas de la vie de couple, c’est très varié ! 

Mon processus créatif démarre toujours d’une histoire, d’un sujet qui m’intéresse. C’est ensuite par le vêtement que j’essaye de les matérialiser. A ce titre, on peut retrouver un encart avec le storytelling dans l’intérieur des vestes sorties !

Auparavant, tu m’avais parlé d’une veste en jean que tu portais beaucoup et qui t’a inspiré tes vestes. Est ce que ce contraste entre la modernité et le traditionnel est un clin d’œil à ce que tu as pu remarquer au Maroc ?

Je n’avais pas fait le rapprochement mais c’est tout à fait ça ! Je pense que rassembler des opposés peut donner davantage vie à des idées originales.

Totalement d’accord ! Notre média s’intéresse aussi à la durabilité dans la mode. Est-ce pour toi une préoccupation particulière ?

C’est quelque chose à laquelle je suis sensible mais je reste clairvoyant sur le monde dans lequel on vit.

Aujourd’hui, en sortant des étiquettes vertes, le client peut se faire « ballader » et c’est bien triste ! De ce fait, tu te retrouves avec des jeunes créateurs qui se creusent la tête pour répondre aux demandes du public et à ses exigences, face à des grands acteurs qui ne jouent pas réellement le jeu. 

J’ai l’impression qu’on est un peu coincé dans cette logique-là alors que parallèlement et à notre échelle, on reste très dépendant de nos finances.

Dans tous les cas, tu souhaites toujours rester en phase avec tes valeurs n’est-ce pas ?

C’est bien ça ! Actuellement je suis en train de travailler sur des chemises et le maître mot reste la qualité

J’ai dû étudier ce qui fait qu’une chemise est de qualité et ce sont finalement pleins de détails que les gens ne voient pas forcément. Ça peut être un peu déprimant car tu te demandes pourquoi faire ces efforts. Je reste convaincu que l’important est d’être en accord avec soi.


Merci beaucoup pour cet échange Antoine. Je tiens donc à rappeler que Le Cabinet Créatif est à suivre sur Instagram et les pièces sont à retrouver
sur le site de la marque 👇


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