Découvrez l’histoire de Clément et de sa nouvelle marque : Fenics. Des sneakers à la rétro et durables fabriquées à partir de déchets de pommes ! Bonne lecture !
On aime entamer nos interviews pour comprendre qui se cache derrière le projet que l’on présente. Est-ce qu’on pourrait donc en savoir plus sur toi, Clément, et sur le parcours qui t’a mené à la création de Fenics ?
Avant toute chose, il faut remonter à 2005. C’est cette année-là que nous avons décidé de reprendre une ancienne marque de baskets chinoise : « Feiyue ». Nous avions comme idée de développer et de relancer la marque à l’international, ce qui a été un succès sur presque 10 ans ! Dans notre pic d’activité, nous vendions près d’un million de paires à travers le monde par an.
En 2012, nous sommes malheureusement pris de court à cause des contrefaçons et la vente de certaines baskets à prix cassés dans des
supermarchés ce qui a fortement impacté sur les ventes. Les ventes ont commencé à décliner que ce soit en France ou à l’international. Nous avons donc fini par vendre la société en 2014.
La transition vers une marque plus durable s’est faite directement ?
Après cette expérience un peu frustrante, j’ai décidé de m’orienter vers la cuisine chinoise. En effet, étant souvent à Shanghai pour Feiyue, j’ai pu consommer les spécialités locales. À ce moment-là sur Paris, peu de restaurants proposaient les incontournables « Xiao Long Bao » alors,
j’ai décidé de me lancer. En 2016, j’ouvre mon restaurant et une nouvelle aventure commence.
C’est quelques années plus tard que me vient l’idée de me relancer dans la basket, avec comme idée de faire fabriquer le plus proche possible de la France et de m’investir dans un projet qui a du sens. La première étape a été de trouver un fabricant en France, j’ai passé une année à chercher mais cela était très compliqué… Je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas vraiment d’industrie spécialisée dans la sneaker en France.
Par conséquent, j’ai trouvé une usine en Espagne, chez un fabricant établi depuis les années 60. Il était particulièrement au fait des problématiques qui me préoccupaient, à savoir l’éco-responsabilité et la durabilité. De plus, le bâtiment lui-même est alimenté grâce à des
panneaux solaires !
Cette conscience du fabricant n’avait pas l’air si développée en Asie. Ça à dû vous changer !
C’était une autre époque, je ne sais si aujourd’hui les choses ont évolué mais j’ai visité un bon nombre d’usines en Asie, où les conditions de
travail étaient difficiles.
Bien sûr, l’atelier avec lequel on travaille maintenant est complètement différent. Nous sommes sur des normes de travail bien plus élevées !
Aujourd’hui, c’est une toute autre démarche. Je pars d’une feuille blanche et j’essaie de construire Fenics en me posant à chaque fois la question : Comment faire au mieux à chaque étape ? Je ne parle pas seulement des matières, mais aussi des différentes étapes que sont le transport, la livraison, la distribution, etc… Pour continuer dans cette démarche, nous nous sommes rendu à Alicante en train pour la visite de l’atelier. Nous avons pris plusieurs jours au lieu de faire l’aller-retour dans la journée et éviter de prendre l’avion. C’était genial de pouvoir prendre le temps !
Dans cette période où les enjeux climatiques sont plus qu’’importants, on est obligé de se poser ce genre de questions. Pour être tout à fait honnête, je n’avais pas réellement conscience de la gravité de la situation, il y a encore quelques années, maintenant c’est le cas et je ne peux plus l’ignorer.
Avec ces deux expériences dans l’industrie de la mode, et ce malgré une pause dans la restauration, est-ce qu’il y a un élément déclencheur ? Un attrait particulier pour la mode ?
Me concernant, c’est d’abord une histoire de rencontres. À l’époque, je ne connaissais pas le milieu de la mode. Je crois que le fil conducteur des différents projets menés, c’est de faire des choses qui me parlent, qui me passionnent !
D’accord, c’est une belle leçon pour ceux qui hésitent à se lancer dans un projet, qu’il soit dans la mode ou non ! Et donc maintenant, tu as lancé Fenics. D’où vient ce nom ? De l’oiseau magique qui renaît de ses cendres ?
Concernant le nom, j’ai tout d’abord étudié tout ce qui est propriété intellectuelle, marque, etc… Je voulais quelque chose qui sonne bien et qui soit disponible ! Effectivement, avec le Phoenix il y a bien une connotation de régénération ; mais chacun est libre de s’approprier le sens.
Ce n’est pas volontaire mais c’est bien joué ! Pour parler du processus créatif et des inspirations qui vous ont menés à développer cette silhouette. Elle est déclinée en trois coloris, comment s’est passée cette partie ?
Une fois le nom de marque établi, j’ai travaillé avec un designer pour le logo.
Ensuite, en ce qui concerne de la création, je voulais une basket avec un style rétro des années 80-90. Avec le fabricant, nous avons trouvé dans les archives une semelle de l’époque qui a retenu notre attention.
Le produit est décliné en trois coloris et on verra par la suite pour faire d’autres développements. Dans tous les cas, on ne veut pas de frénésie. L’idée n’est pas de créer tout le temps de nouveaux coloris, ni de nouveaux produits.
J’ai des idées pour le futur, que je préfère vous dévoiler plus tard !
Donc la question de l’écoresponsabilité reste un point central. Qu’est-ce que tu penses du milieu de la basket à l’heure actuelle, et plus précisément des alternatives écoresponsables ?
En effet, je vois pas mal de marques plus ou moins connues qui se lancent dans cette démarche et c’est une bonne chose.
Selon moi, le message des entreprises écoresponsables me semble plus ou moins sincère. Quand je vois certaines marques qui livrent leurs produits partout sur la planète, je ne trouve pas ça logique. Si on fait l’effort de réduire son impact, c’est dommage de l’anéantir pour l’expédier à l’autre bout du monde.
Personnellement, je pense qu’’il faudrait plus de réglementations, comme par exemple l’obligation d’affichage du score carbone. Ça permet d’informer le consommateur, mais surtout aux marques de mesurer leurs empreintes et de tenter de les réduire.
Pour Fenics, je ne dis pas que tout est parfait et je n’ai pas la prétention de sauver la planète. Maintenant lorsqu’on a mesuré, avec Fairly Made, les différentes empreintes ; on se rend compte que notre empreinte est parmi les plus basses du marché, à produit équivalent. Je suis vraiment
fier de ça.
A l’heure actuelle, le produit est vegan, on utilise un « cuir » de pomme, qui est un mélange de déchets de pommes issues de l’agriculture, avec du polyuréthane, du coton bio, des matières recyclées, etc… Pour l’avenir, je discute avec des labos qui travaillent sur un « cuir » à 100% d’origine végétale. J’espère pouvoir tester ça prochainement !
Concernant notre futur, on veut au maximum utiliser des matières recyclées ou d’origine naturelle, tout en essayant de faire des produits cool ! Je veux que les gens aient envie de les porter et pas seulement parce qu’ils ont de faibles empreintes carbones.
Pour en revenir aux autres marques, il y a aussi ce fameux sujet de la compensation carbone. C’est un long débat ! Mais avant de penser aux compensations carbones, il faut déjà réduire son impact au minimum. Il y a un côté déresponsabilisant pour les entreprises qui ne va pas dans le bon sens, à mon avis…